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Pour la troisième fois depuis le début du conflit, Moscou et Pékin ont mis leur veto, ce jeudi, à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui menaçait de sanctions financières le régime de Bachar al-Assad.

REUTERS - La Russie et la Chine ont opposé jeudi leur veto à un projet de résolution occidental au Conseil de sécurité des Nations unies, qui menaçait le pouvoir syrien de sanctions en cas de poursuite de la répression et de non retrait de l'armée des zones habitées.

C'est la troisième fois que ces deux pays font barrage à des résolutions visant à exercer une pression sur le régime du président Bachar al Assad.

La résolution, qui prévoyait également d'étendre de 45 jours le mandat de la mission d'observation de l'Onu en Syrie (Misnus), a recueilli 11 voix favorables et deux abstentions.

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En duplex des Nations Unies

Les quinze pays membres du Conseil de sécurité ont encore une journée pour négocier une résolution qui décidera de l'avenir de la mission de l'Onu, dont le mandat de 90 jours arrive à expiration vendredi à minuit (04h00 GMT).

La Misnus a été déployée pour surveiller le respect d'un cessez-le-feu entré en vigueur le 12 avril dans le cadre d'un plan de paix proposé par l'émissaire international Kofi Annan, mais les violences n'ont pas cessé depuis.

La Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et les Etats-Unis proposaient dans le projet de résolution bloqué jeudi que le plan en six points de Kofi Annan soit placé sous le chapitre VII de la charte des Nations unies, et que des sanctions interviennent sous dix jours en cas de non respect de ce plan.

Ce chapitre VII autorise à prendre toutes les mesures nécessaires, allant de sanctions économiques au recours à la force, pour faire respecter les décisions du Conseil, mais des responsables américains avaient souligné qu'une intervention militaire n'était pas envisagée dans l'immédiat, seulement des sanctions.

Mais la Russie a déclaré qu'elle bloquerait systématiquement toute résolution placée sous le chapitre VII.

"Ce veto ne nous arrêtera pas"

Le secrétaire britannique au Foreign Office William Hague a déclaré que les veto russe et chinois étaient "inexcusables et indéfendables".

Mark Lyall Grant, ambassadeur britannique aux Nations unies, s'est déclaré quant à lui "consterné". "Leurs actes vont permettre de protéger un régime violent. Ils ont choisi de faire passer leur intérêt national avant la vie de millions de Syriens", a-t-il dit.

Son homologue français Gérard Araud estime néanmoins que ce double veto ne dissuadera pas les partisans d'une action ferme de l'Onu. "Nous sommes allés au veto en (...) pleine connaissance de cause. Nous ne pouvions nous rendre complices d'une stratégie qui mêle comédie de l'action diplomatique et paralysie de fait", a-t-il déclaré.

"Ce troisième veto (...) ne nous arrêtera pas, a-t-il cependant ajouté. Nous continuerons d'accompagner l'opposition syrienne sur la voie de la transition démocratique."

Initialement prévu mercredi, le vote avait été reporté conformément à une demande de Kofi Annan, soucieux de "garantir que tous les efforts sont entrepris pour que le Conseil de sécurité s'exprime d'une seule et même voix et convienne d'une pression concertée".

La Russie a également rédigé son propre projet de résolution. Il propose de prolonger le mandat de la Misnus pour 90 jours et ne contient pas de menace de sanctions. On ignore si Moscou envisage de soumettre son projet aux voix, et quand.

Après 16 mois de soulèvement et de répression qui ont fait plus de 10.000 morts en Syrie selon l'Onu, des combats font désormais rage à Damas même entre les forces du régime Assad et des insurgés. Un attentat commis mercredi en pleine réunion de la cellule de crise du régime a coûté la vie au ministre de la Défense, au beau-frère de Bachar al Assad et à un général.