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Ansar Dine détruit les mausolées de la grande mosquée de Tombouctou

Les combattants d'Ansar Dine continuent de saccager des lieux sacrés à Tombouctou. Deux mausolées de la grande mosquée Djingareyber, l’un des trois plus importants édifices religieux de la ville, ont été rasés mardi matin par les islamistes.

Les islamistes d’Ansar Dine se sont attaqués ce mardi aux mausolées de la Grande Mosquée Djingareyber, édifice majeur de Tombouctou où des milliers de musulmans affluent tous les vendredis pour la prière et où les grandes familles soufies viennent en pèlerinage. "Les deux saints qui sont enterrés dans cette mosquée sont les plus importants : ils sont considérés comme les amis de Dieu. On vient y prier pour tous les musulmans du monde entier", explique Serge Daniel, correspondant de RFI et de FRANCE 24 au Mali.

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Des dizaines de militants islamistes, à l’aide de pioches et de burins, s'en sont pris, non pas à la mosquée elle-même, mais à deux mausolées qui jouxtent le mur externe de l’édifice, côté ouest. "Vers huit heures, témoigne un habitant de la ville sur RFI, il y avait une quarantaine de moudjahidines d’Ansar Dine qui sont allés casser la grande mosquée de Djingareyber. Il y avait un saint qui s’appelle Mohamed el-Fulani. Ils ont démoli la maison dans laquelle il se trouvait. Ils ont détruit tout ce qu’on a. On n’a pas de forces pour nous défendre".

Les combattants d’Ansar Dine ont ainsi poursuivi leur acte de destruction de la cité des "333 saints" à Tombouctou, au Mali, après avoir mis à terre, début juillet, sept mausolées et saccagé la porte menant à la mosquée Sidi Yahia, monument censé garantir la paix dans cette ville.

Médiatisation pernicieuse

Les combattants d'Ansar Dine cherchent à médiatiser autant que possible leurs actions, en convoquant ce mardi une caméra de la chaîne qatarie Al-Jazira, selon l’AFP. En retour, la diffusion des images au niveau international (voir les images que se sont procurées le site des Observateurs, ci-contre) sert de prétexte pour la destruction des mausolées. L’un des porte-parole des islamistes, contacté par Serge Daniel, a ainsi déclaré : "Nous avons entendu à la télévision des non-musulmans parler du patrimoine culturel de Tombouctou. Ils n’en ont pas le droit, et voilà notre réponse." La semaine passée, le groupe Ansar Dine s’appuyait sur la décision de l’Unesco de classer le site de Tombouctou dans la liste du patrimoine en péril pour s’attaquer à la porte de la mosquée Sidi Yahia. "Médiatisation ou pas, Unesco ou pas, ils les auraient détruites", rétorque Lazare Eloundou, responsable du patrimoine africain dans l'organisation internationale. Si les médias n’en parlaient pas, peut-on croire qu’ils ne les détruiraient pas ? Je pense que si. Leur motivation est claire : empêcher les populations de vénérer les morts et les saints."

Pour l’instant, les islamistes d’Ansar Dine ont rasé des mausolées – là où sont enterrés saints et marabouts – mais ont préservé les mosquées elles-mêmes. "Seuls les mausolées qui sont attenants à la mosquée ont été saccagés. Cela fait certes une différence. Mais la manière dont ils attaquent ces mausolées peut affecter structurellement la mosquée", précise Lazare Eloundou. Selon le correpondant de RFI, il est cependant impossible de savoir avec précision pour le moment si l’intérieur de la mosquée Djingareyber a été préservé.

Crédit photo de l'image principale : Unesco