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Euro-2012 : quelles retombées économiques pour l'Ukraine et la Pologne ?

La fin de l'Euro-2012 sifflée, la Pologne et l'Ukraine, co-organisateurs de la compétition, pensent déjà aux retombées économiques qu'elle a engendrées. Analyse avec Vincent Chaudel, directeur de la communication et du marketing chez Kurt Salmon.

Tandis que l'Espagne fête ses héros au lendemain de sa victoire 4 à 0 en finale de l'Euro-2012 contre l'Italie, l’Ukraine et la Pologne poussent un "ouf" de soulagement. Très critiquée avant le début de la compétition, l'organisation de l'évènement a finalement été unanimement saluée. À l’heure du bilan, les deux pays s’attendent à profiter des retombées économiques de l’Euro. Directeur de la communication et du marketing au sein du cabinet de conseil Kurt Salmon, Vincent Chaudel répond aux questions de FRANCE 24.

FRANCE 24 : Peut-on affirmer que l’organisation de l’Euro-2012 est une opération rentable pour la Pologne et pour l’Ukraine ?
Vincent Chaudel : C’est toujours le cas pour les pays organisateurs, mais à moyen et à long terme, car la rentabilité de l'évènement n’est pas immédiate. L’organisation d’une grande compétition comme une Coupe du monde, des Jeux olympiques ou un Euro est toujours bénéfique car cela permet de déclencher des investissements très importants dans des infrastructures qui vont changer le paysage du pays (les investissements ukrainiens liés à l’Euro ont atteint 11 milliards d'euros, soit 1,7 % du PIB, NDLR). Ils permettent également d’améliorer les équipements existants tels que l’hébergement et les transports (1 000 km d'autoroutes, 2 000 km de voies express et plus de 600 km de voies ferrées ont été construites ou modernisées en Pologne, NDLR), voire d’accélérer leur modernisation et leur développement. À titre d’exemple, sans les JO d’hiver d’Albertville, en 1992, le TGV qui nous emmène chaque hiver pour aller skier sur les pistes françaises aurait été créé bien plus tard. Ainsi, la Pologne, pays membre de l’Union européenne, a pu bénéficier de fonds structurels indirectement liés à l’Euro-2012 pour aider à améliorer des infrastructures telles que des aéroports.
L’organisation d’un tel évènement peut-il, a contrario, aggraver une situation économique délicate ?
V. C. : L’organisation d’une grande compétition est profitable aux pays émergents, je pense notamment au Brésil qui accueillera la Coupe du monde en 2014 et les Jeux d'été en 2016. En revanche, elle est déconseillée lorsqu’un pays est en grande difficulté économique. Les JO d’Athènes, en 2004, ont porté un coup fatal à l’économie de la Grèce et ont contribué à compliquer sa situation en terme d’endettement. On peut même parler d’un coup de grâce qui lui a été porté à la suite des excès liés à la mauvaise gestion de ce dossier.
Des bénéfices sont-ils également à attendre en matière touristique ?
V. C. : Cet Euro a offert à la Pologne et à l’Ukraine une campagne publicitaire mondiale. C'est le rêve de n’importe quel office du tourisme de toucher autant de monde sur toute la planète. Souvent caricaturée comme un pays austère de l’ex-bloc communiste ou encore comme le théâtre de la catastrophe de Tchernobyl, l’Ukraine a pu redorer son blason. Même si tout n’est pas encore parfait - une représentation sulfureuse de ce pays subsiste à cause de la prostitution et de l’insécurité -, Kiev peut capitaliser sur les retombées de l’Euro pour continuer à parfaire son image.