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La mairie de Nice transforme un lieu de culte musulman en commissariat de police

Sous l'impulsion du député-maire UMP Christian Estrosi, le Conseil municipal de Nice a voté lundi la fermeture d'une salle de prière musulmane pour la transformer en poste de police. Une décision jugée "discriminatoire".

AFP - La Mairie de Nice a voté lundi en conseil municipal une délibération visant à transformer une salle de prière musulmane en poste de police, une décision jugée "discriminatoire" tant par l'opposition que par el-Wajiz, l'association gestionnaire du lieu de culte.

 À trois jours du premier tour des législatives, le député-maire UMP de Nice, Christian Estrosi, avait annoncé cette réaffectation au motif que le local avait été transformé en lieu de culte sans autorisation et posait des problèmes de sécurité. L'association a d'ailleurs reçu un avis défavorable de la commission de sécurité.

Lundi, le conseil municipal a autorisé Christian Estrosi à solliciter du préfet l'ouverture d'une enquête afin que la création d'un poste de police municipal à cet emplacement soit "déclarée d'utilité publique". Si tel était le cas, la ville de Nice pourrait se porter acquéreur du local, actuellement loué à el-Wajiz, et y faire les travaux d'aménagement nécessaires.

Étrangement, à aucun endroit de la délibération, n'était évoquée l'occupation actuelle du local par une salle de prière musulmane.

Le conseiller municipal d'opposition, Razak Fetnan (PS), s'est indigné d'une énième "discrimination envers une communauté religieuse", d'autant, a-t-il estimé, qu'un poste de police municipal à cet emplacement n'a rien d'obligatoire.

Kevin Selles, le président d'el-Wajiz, n'était pas plus enthousiaste. "Christian Estrosi ne veut pas de mosquée dans la rue où il est né", accuse le responsable, qui affirme que le local a été "mis aux normes à 100%".

"On a fait un tas de démarches, assure-t-il, mais on n'a jamais eu de réponses. Ils ne veulent pas nous donner l'autorisation" et aujourd'hui, "Christian Estrosi se cache derrière l'utilité publique".

Selon Kevin Selles, c'est "le cinquième lieu musulman que la mairie fait préempter, c'est de la discrimination. Si l'enquête de la préfecture arrive à la conclusion qu'il faut préempter le lieu, on l'attaquera en justice pour discrimination".

D'après les instances religieuses locales, les musulmans représentent 10% des habitants des Alpes-Maritimes.