
Au lendemain du remaniement ministériel, annonçant le départ de Nicole Bricq du ministère de l'Écologie pour celui du Commerce extérieur, le gouvernement a annoncé la reprise des forages pétroliers au large de la Guyane. Un dossier sensible.
Couac du remaniement ministériel ? Nicole Bricq s’est vu retirer, jeudi 21 juin, son portefeuille ministériel à l’Écologie, et attribuer celui du Commerce extérieur. Même si la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem a déclaré que la ministre était "très heureuse de la mission qui lui a été confiée", les critiques n’ont pas manqué de fuser. Car ce remaniement apparaît pour certains comme un désaveu de sa politique.
Le dossier au cœur de la polémique : les forages exploratoires du groupe Shell au large de la Guyane. La semaine dernière, Nicole Bricq avait annoncé la "remise à plat" de l'autorisation accordée au géant pétrolier, afin de réexaminer l'ensemble des permis d'exploration d'hydrocarbures, y compris ceux déjà attribués.
Pourtant, ce vendredi, le gouvernement a annoncé avoir autorisé la reprise des forages. Selon un porte-parole du groupe Shell, le site de Zaedyus, situé à 6 000 mètres de profondeur au nord-est de Cayenne, contiendrait au moins 300 millions de barils de pétrole.
Revirement du gouvernement ?
Interpellés, les défenseurs de l'environnement sont montés au créneau suite à cette annonce, dénonçant un revirement du gouvernement sur ce dossier et une manière d’évincer Nicole Bricq. "On peut se poser la question de savoir si l'arbitrage défavorable à Mme Bricq sur le permis pétrolier de Shell en Guyane n'a pas pu jouer en sa défaveur", a estimé, pour sa part, Benoît Hartmann, porte-parole de France Nature Environnement, joint par l’AFP.
Tandis que l'association Guyane Nature Environnement s'est déclarée déçue, évoquant les risques de marée noire et l'impact des recherches sur la biodiversité marine, Jean-Vincent Placé, le chef de file d'Europe Écologie-Les Verts au Sénat, s'est lui dit "surpris" du changement de portefeuille. "On sait que Mme Bricq connaît très, très bien les dossiers économiques et écologiques (...), je suis surpris", a-t-il dit, indiquant que ce remaniement constituait le "premier bémol" du gouvernement. L’écologiste a néanmoins souligné que ses commentaires ne mettaient nullement en cause les compétences de Delphine Batho, la nouvelle ministre en charge de la question.
"Manifestement, il s'est passé quelque chose dont j'ignore les tenants et les aboutissants. La seule chose, je ne voudrais pas que le ministère de l'Écologie soit la variable d'ajustement des déplacements de personnes (...) L'écologie mérite mieux, " a-t-il plaidé.