![L'UMP paie le prix fort ses œillades au Front national L'UMP paie le prix fort ses œillades au Front national](/data/posts/2022/07/17/1658056209_L-UMP-paie-le-prix-fort-ses-illades-au-Front-national.jpg)
Avec 229 députés, dont seulement 188 dans les rangs de l’UMP, la droite parlementaire n’a pas assisté au sursaut législatif tant espéré. Une déroute électorale imputée en grande partie à la porosité entre l'UMP et l'extrême droite.
C’est une lourde défaite électorale que se voient infliger les partisans de la ligne droitière de l'ancienne majorité présidentielle, qui affichait ses "valeurs communes" avec le Front national (FN). La moitié des 43 députés UMP qui appartenaient à la Droite populaire, l'aile droitière du parti, ont été battus dimanche soir.
Une hécatombe que Stéphane Rozès, politologue et ancien directeur général de l'institut de sondages CSA, impute sans nul doute à la ligne du "ni ni", ni gauche, ni Front national, théorisée par Jean-François Copé, le secrétaire général de l’UMP, entre les deux tours des législatives. "Une importante partie des électeurs de droite, et du centre droit, n’a jamais cautionné les appels du pied lancés par certains vers les frontistes. Elle a d’abord sanctionné Sarkozy dans les urnes présidentielles en votant Hollande. Elle a ensuite confirmé cette sanction en participant au succès de la gauche aux législatives", explique-t-il.
Une connivence avec le FN sanctionnée
Dans la ligne de mire du politologue : Claude Guéant, ancien ministre de l’Intérieur, battu dans la 9e circonscription des Hauts-de-Seine et Nadine Morano, battue dans la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle. Tous deux, estime-t-il, ont cristallisé le mécontentement d’une partie des électeurs en prônant cette neutralité électorale, considérée comme autant de clins d’œil – plus ou moins discrets - lancés vers le parti de Marine Le Pen.
Une analyse que partage Thierry Solère, député dissident UMP fraîchement élu à Boulogne-Billancourt face à Claude Guéant. Il ne fait en effet aucun doute pour le Boulonnais que l’opération séduction menée auprès du Front national a coûté cher à certains de ses collègues comme Jean-Paul Garraud (Gironde) - qui s’interrogeait récemment sur le maintien d’un "cordon sanitaire autour du FN" -, ou Brigitte Barèges (Tarn-et-Garonne), qui déclarait la semaine dernière qu’elle serait "ravie" de l’élection de Marine Le Pen à l’Assemblée nationale… "Ils ont tous signé leur défaite en menant une politique trop droitière. L’électorat de droite ne leur a pas pardonné cet écart. Je représente la droite humaniste, c’est pour cela que j’ai été élu", explique-t-il à FRANCE 24.
Exister dans l’opposition et clarifier son identité face au FN
À l’inverse, faut-il voir dans la victoire de Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP), élue dans l’Essonne malgré la virulente campagne de dénigrement menée à son encontre par le Front national, le succès d’une droite républicaine imperméable aux idées d’extrême-droite ? "Sans aucun doute", assure Stéphane Rozès. Contrairement à Roland Chassain (UMP), qui avait semé le doute dans la 16e circonscription des Bouches-du-Rhône en se retirant du second tour pour faire barrage au candidat socialiste Michel Vauzelle, l’ancienne porte-parole de Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle s’est, elle, toujours opposée au moindre rapprochement avec le FN. "Sa position de fermeté a sûrement joué en sa faveur", reconnaît aussi Eddy Fougier, spécialiste de politique française à l’Institut international des relations stratégiques (IRIS).
Mais cette logique électorale a aussi ses limites. "Il ne faut pas oublier que dans le Sud-est de la France, les alliances discrètes UMP-FN ont fonctionné. De nombreux électeurs de droite et d’extrême-droite du Vaucluse, du Var, des Bouches-du-Rhône ont souvent souhaité, sondages à l’appui, contrecarrer les candidats socialistes de toutes les manières possibles…", insiste également le spécialiste de l'IRIS.
Le plus dur reste donc à faire pour ce parti orphelin depuis le départ de Nicolas Sarkozy : exister dans l’opposition tout en clarifiant son identité face au Front national. Un combat synonyme de gageure. D'une part, parce que Marine Le Pen appelle avec insistance à une refonte du parti de droite – dans lequel le FN entend évidemment jouer un rôle majeur -, d'autre part, parce que les ténors du parti, François Fillon, Jean-François Copé - et Alain Juppé ? – se disputent âprement la présidence de l’UMP. "Comment faire la synthèse de tous ces courants, de toutes ces dissenssions en une seule doctrine ?", s’interroge Eddy Fougier. Une question à laquelle tout l’avenir de l’UMP est suspendu.