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Après de nouvelles violences meurtrières, les États-Unis craignent un autre massacre

Si la région de Homs est toujours bombardée, les États-Unis et Kofi Anan sont particulièrement préoccupés par la situation à Haffé (nord-ouest) où l'armée use de mortiers, d'hélicoptères et de tanks et où la population civile est prise au piège.

AFP - Les Etats-Unis se sont dits inquiets lundi que le régime de Bachar al-Assad ne prépare un nouveau massacre en Syrie, où les violences et combats ont encore fait 87 morts, en majorité des civils.

L'émissaire de l'ONU et de la Ligue Arabe Kofi Annan s'est pour sa part déclaré "gravement préoccupé", au lendemain de la mort de 63 personnes dans les violences et à deux jours d'une rencontre des alliés russe et iranien du régime de Bachar al-Assad.

Kofi Annan "est particulièrement inquiet des récents bombardements à Homs (centre) ainsi que des informations faisant état de l'usage de mortiers, de chars et d'hélicoptères dans la localité de Haffé, dans la province de Lattaquié (nord-ouest)", a souligné son porte-parole Ahmad Fawzi dans un communiqué. "Il y a des indications qu'un grand nombre de civils sont pris au piège dans ces villes".

Peu après, la porte-parole du département d'Etat Victoria Nuland a souligné que "les Etats-Unis se joignent à Kofi Annan pour exprimer leur inquiétude par rapport aux informations venant de Syrie et évoquant la préparation par le régime d'un nouveau massacre" à Haffé.

"Nous tenons à rappeler aux gradés syriens une des leçons apprises en Bosnie: la communauté internationale peut découvrir quelles unités sont responsables de crimes contre l'humanité et vous serez tenus responsables de vos actions", a-t-elle ajouté.

Selon des militants, Haffé, dont M. Annan demande l'accès pour les observateurs de l'ONU, est bombardé depuis six jours par les forces du régime. La situation y est "terrible et les chars de l'armée sont aux portes de la ville", a déclaré Sima Nassar, une militante jointe par l'AFP via Skype.

"Il n'y a qu'un seul médecin qui traite les blessés dans la ville", désertée selon elle par la majorité de ses 30.000 habitants. "Il y reste les rebelles et certains civils armés qui les aident à défendre la ville".

Attentat contre un gazoduc

La mission d'observation de l'ONU a exprimé par ailleurs son inquiétude concernant l'escalade de la violence dans la ville de Homs, soulignant qu'elle était en train de négocier l'évacuation des civils.

L'armée a également bombardé à l'artillerie lourde Rastane, dans la province de Homs, des secteurs de la province d'Idleb (nord-ouest) et la localité d'Al-Achara dans la province de Deir Ezzor (est), défendus farouchement par les rebelles et dont elle tente de reprendre le contrôle, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Des combats violents ont en outre eu lieu dans ces provinces entre soldats et insurgés qui ont mené plusieurs attaques à la bombe, a précisé l'ONG.

Selon l'OSDH, alors que la révolte entre cette semaine dans son 16e mois, la répression et les affrontements ont coûté la vie lundi à 87 personnes.

Selon l'agence officielle Sana, qui a accusé "un groupuscule terroriste armé", un attentat a par ailleurs endommagé un gazoduc dans l'est du pays provoquant la fuite de 400.000 m3 de gaz.

Plus de 14.100 personnes ont péri depuis le début de la révolte déclenchée le 15 mars 2011 par des manifestations pacifiques mais qui s'est militarisée face à la répression, selon l'OSDH.

Mme Nuland a de nouveau exclu lundi une intervention militaire américaine. "Notre inquiétude est que faire intervenir des forces étrangères dans ce conflit (...) ne le transforme en une guerre par procuration", a-t-elle déclaré.

Dans ce contexte, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov se rend mercredi en Iran, principal allié de Damas dans la région qui a été accusé de lui fournir armes et expertise pour la répression.

Projet de résolution

La Russie a proposé la tenue d'une conférence internationale pour tenter de sauver le plan Annan, incluant l'Iran mais les Occidentaux ont exprimé de profondes réserves.

A Paris, le ministère des Affaires étrangères a affirmé que la France aurait "cette semaine de nouveaux contacts avec la Russie" sur cette conférence.

La France doit accueillir le 6 juillet une nouvelle réunion du Groupe des amis du peuple syrien, qui n'inclut pas l'Iran et à laquelle la Russie et la Chine n'ont jamais participé.

Entretemps, Washington, Paris et Londres préparent un projet de résolution au Conseil de sécurité incluant une menace de sanctions.

Cependant, cette résolution risque d'être bloquée comme dans le passé par Pékin et Moscou. Les Etats-Unis et l'Union européenne imposent déjà des sanctions unilatérales à Damas.

Le nouveau chef du Conseil national syrien (CNS), principal rassemblement de l'opposition, Abdel Basset Sayda, a appelé lundi le président Assad à laisser la place au vice-président Farouk al-Chareh, selon l'agence de presse turque Anatolie.

Dimanche, il avait appelé "tous les officiels du régime et dans les institutions à faire défection", tandis que l'Armée syrienne libre (ASL, formée principalement de déserteurs), pressait les militaires "qui n'ont pas de sang sur les mains" à déserter l'armée.