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Le Front national espère l'élection de cinq députés

En tête dans cinq circonscriptions, le Front national (FN) pourrait entrer à l’Assemblée nationale à l'issue du second tour des législatives. Marine Le Pen a appelé lundi ses électeurs à éliminer certains candidats, qu'ils soient PS ou UMP.

Crédité de 13,6 % des voix au premier tour des élections législatives, dimanche 10 juin, le Front national (FN) confirme son pouvoir d’attraction auprès d'une partie des électeurs français. Il représente la troisième force politique en France, derrière le Parti socialiste et l’UMP en termes de suffrages exprimés. Avec cinq candidats arrivés en tête dans leur circonscription respective, le parti d’extrême droite pourrait entrer à l’Assemblée nationale pour la première fois depuis le passage éclair de Jean-Marie Le Chevallier en 1997, dont l'élection avait été invalidée pour une triple infraction à la législation sur le financement des campagnes électorales. En 1986, le parti frontiste avait obtenu 35 sièges. Au second tour, le 17 juin 2012, le FN pourrait cette fois obtenir jusqu’à 2 députés, selon l'institut Ipsos.

Marine Le Pen forte en tête

Après avoir obtenu 42,36 % des suffrages dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, Marine Le Pen pourrait entrer à l’Assemblée nationale. La présidente du Front national a sèchement battu Jean-Luc Mélenchon, qui avait fait de ce scrutin un symbole de la lutte de l’extrême gauche contre l’extrême droite. Elle est arrivée loin devant le socialiste Philippe Kemel (23,50 %) et le président du Front de gauche (21,48 %). Mais l’absence au premier tour d’un candidat de droite de poids lui laisse peu de réserves de vote. Sa victoire repose notamment sur les 42,88 % d'électeurs qui se sont abstenus au premier tour.

Lundi, Marine Le Pen a appelé ses électeurs à éliminer les candidats qu'elle juge "nuisibles" : trois candidats socialistes, dont le député-maire de Sarcelles, François Puponni et l'ancien ministre Jack Lang, quatre candidats UMP, dont les anciens ministres Nathalie Kosciusko-Morizet, Xavier Bertrand et Georges Tron, ainsi qu'un candidat écologiste soutenu par le PS, Slimane Tir. 

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Le Front national espère l'élection de cinq députés

Dans la 12e circonscription du Pas-de-Calais, la frontiste Charlotte Soula a créé la surprise en arrivant en tête du scrutin avec 25,69 % des voix, devant le candidat PS Nicolas Bays (24,61 %). Le député sortant Jean-Pierre Kucheida, élu depuis 1981 et exclu du PS le 29 mai dernier, a été éliminé dès le premier tour (21,64 %).

Enfin Marion Maréchal-Le Pen, petite fille de Jean-Marie Le Pen, est elle aussi en tête dans la troisième circonscription du Vaucluse avec 34,63 % des voix. Le député sortant, Jean-Michel Ferrand, très à droite, dépasse de justesse les 30 %. Le Parti socialiste a demandé à sa candidate, arrivée troisième avec 21,98 % des voix, de se retirer pour faire barrage au Front national, a annoncé Martine Aubry lundi matin. Dimanche, la première secrétaire du PS avait déjà appelé au "désistement républicain" contre le FN. Mais la socialiste Catherine Arkilovitch n'a eu que faire de la consigne de son parti et a choisi de rester en lice pour le second tour.

Bouches-du-Rhône et Gard : l'UMP opposée à un front républicain

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Le Front national espère l'élection de cinq députés

La question du désistement se pose également à droite. Le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, l’a répété : il n’y aura "pas d’alliance avec le FN". Un bureau politique extraordinaire de l’ex-majorité s’est tenu lundi après midi. La consigne donnée à l’issue de cette réunion est celle du "ni FN, ni front républicain", alors que les candidats ont jusqu’à mardi 18h00 pour déposer leur candidature pour le second tour. Pour certains, notamment dans les Bouches-du-Rhône et dans le Gard, le choix sera délicat.

Si dans la deuxième circonscription des Bouches-du-Rhône, le candidat frontiste Stéphane Ravier est arrivé en tête avec 29,87 % des voix, devançant de peu Sylvie Andrieux (29,80 %), à qui le PS a retiré son investiture après son renvoi en correctionnelle pour détournements de fonds publics, l'UMP y a été éliminée dès le premier tour. C’est plutôt vers la 16e circonscription des Bouches-du-Rhône que tous les regards se tournent. L’UMP Roland Chassain, arrivé troisième (22,62 %), s’est désisté lundi après-midi en faveur de Valérie Laupies. Avec 28,98 %, la candidate du FN est deuxième derrière le député socialiste sortant Michel Vauzelle (38,40 %).

Dans le Gard, Gilbert Collard (FN) est en tête dans la deuxième circonscription où est arrivé troisième l’UMP Étienne Mourrut, qui dit "réfléchir" à la suite à donner à sa candidature. Juste avant le premier tour, il avait créé la polémique en déclarant au journal d’extrême droite "Minute" : "Il suffit de lire mes propositions pour voir que je suis plus proche de Marine Le Pen que du PS. Si Madame Laupies est en mesure de gagner, il n’y aura pas de front républicain."

Le porte-parole du Rassemblement bleu marine (FN et alliés), Florian Philippot, qui s'est qualifié dans la 6e circonscription de Moselle avec 26,34 %, compte bien lui aussi obtenir un siège à l’Assemblée. Interrogé sur le nombre potentiel de députés FN qui pourraient intégrer le palais Bourbon à l'issue de ces législatives, il a répondu : "Je pense qu'il y en aura plusieurs." Il pourrait aussi n’y en avoir aucun.

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"Nous sommes la troisième force politique de France"
Le Front national espère l'élection de cinq députés