"Il ne s'agit pas du tout d'un appel à la haine raciale" dénonce Eli Domota, suite à l'enquête ouverte samedi. Elle vise certaines de ses déclarations, assimilables pour le parquet à une incitation à la haine raciale.
Reuters - Elie Domota, le leader du LKP, a démenti avoir tenu des propos racistes après l’ouverture d’une enquête judiciaire pour incitation à la haine raciale visant ses propos contres certains chefs d’entreprise de Guadeloupe.
« Il ne s’agit pas du tout d’un appel à la haine raciale », a-t-il dit sur i-Télé et France info, dénonçant une « volonté affichée de faire taire le peuple guadeloupéen. »
Il a précisé qu’il demanderait qu’un éventuel procès soit radio-télévisé, afin que « le monde entier » puisse constater ce qui se passe en Guadeloupe.
Le parquet de Pointe-à-Pitre a annoncé samedi avoir ouvert une enquête judiciaire, notamment pour provocation à la haine raciale et tentative d’extorsion de signature, contre Elie Domota, l’icône de la grève générale dans l’île.
Le chef de file du « collectif contre l’exploitation » avait affirmé que les entrepreneurs qui refuseraient l’accord d’augmentation de 200 euros des bas salaires devraient « quitter la Guadeloupe » et qu’il ne laisserait pas « une bande de békés rétablir l’esclavage. »
Il évoquait les descendants des colons blancs accusés de contrôler l’économie des Antilles françaises.
L’enquête du parquet a été ouverte pour « provocation à la discrimination, à la haine et à la violence contre des personnes ou des catégories de personnes en raison de leur origine ou en raison de leur appartenance ou de leur non appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion, visant notamment et spécifiquement les personnes désignées par le vocable Béké et les entreprises que ces personnes dirigent. »
L’un des avocats du LKP, Me Patrice Tacita, a estimé que cette action judiciaire relevait de la « provocation », les propos d’Elie Domota sur les békés reflétant selon lui une « réalité historique. »
« L’état de droit sera appliqué, nous sommes dans une République, nous sommes dans une démocratie », a répondu dimanche Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, sur radio J.
« Toute incitation à la violence, à la haine raciale et tout usage de la force et de la brutalité dans une République comme la nôtre est inacceptable », a-t-il ajouté.
Henri Guaino a cependant souligné qu’il y avait eu « de part et d’autre » des propos « qui ne sont pas dignes d’une République comme la nôtre et qui s’apparentent à une approche raciale des problèmes ».
Le préfet de Guadeloupe Nicolas Desforges et le porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre se sont aussi inquiétés des déclarations d’Élie Domota.
Frédéric Lefebvre a ainsi dénoncé les « opérations d’intimidation » menées par « des sortes de tontons macoutes du LKP en Guadeloupe », une allusion à la milice paramilitaire créée par un ancien dictateur de Haïti au début des années 1960.