![Dépénalisation du cannabis : la gauche tente de calmer le jeu Dépénalisation du cannabis : la gauche tente de calmer le jeu](/data/posts/2022/07/17/1658054494_Depenalisation-du-cannabis-la-gauche-tente-de-calmer-le-jeu.jpg)
En prônant de nouveau la dépénalisation du cannabis, la ministre Cécile Duflot a suscité la polémique. Le gouvernement a rappelé son opposition à une légalisation tandis que la droite pointe les dissensions entre le PS et les écologistes.
Un sujet inattendu s’est invité dans la campagne des législatives, à quatre jours du premier tour. En répondant mardi 5 juin à une question d’un journaliste de la radio RMC, Cécile Duflot a, bien malgré elle, mis la question du cannabis sur le devant de la scène.
La récente ministre de l'Égalité des territoires et du Logement assure qu’elle s’est contentée de rappeler qu’Europe-Écologie les Verts (EELV) - un parti dont elle est toujours secrétaire nationale - promeut la dépénalisation du cannabis. Ses propos ont néanmoins engendré une polémique, la droite s’étant empressée de souligner les dissensions au sein du nouveau gouvernement Ayrault.
Car si les écologistes affichent clairement leur position en faveur de la dépénalisation, jusque dans leur programme http://eelv.fr/wp-content/uploads/2012/03/projetpdf.pdf, les socialistes sont officiellement opposés à toute forme de légalisation ou dépénalisation, "au nom même des valeurs de gauche", comme l’avait indiqué lors de la primaire socialiste l’actuel ministre de l’Intérieur Manuel Valls. Le chef de l’État François Hollande s’était d’ailleurs bien gardé d’aborder ce sujet, potentiellement toxique, pendant sa campagne présidentielle.
“Désastre moral”, “manque d’expérience”
En pleine campagne des législatives, le sujet tombe à pic pour la droite, qui crie au "désastre moral". L’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy et candidat aux législatives Henri Guaino s’est alarmé du laxisme de la gauche sur la question : “comment va-t-on élever nos enfants, si on continue de cette façon ?”.
L’ancien ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a lui mis en garde les électeurs français, indiquant être “persuadé” que la légalisation du cannabis serait mise en œuvre en cas de majorité de gauche à l’Assemblée nationale.
Au-delà des questions d’ordre sanitaire, c’est l’“amateurisme” du gouvernement et de sa ministre du Logement que d’autres ont mis en cause. "C'est une vraie erreur", a analysé l'ancien ministre et député UMP Éric Woerth. "On ne parle pas à titre personnel quand on est ministre, et quand Madame Duflot aura de l'expérience, elle s'en rendra compte”.
Recadrage du gouvernement
Visiblement embarrassée, la gauche peine à s’accorder sur une position commune.Tandis que l'ancien ministre socialiste de l'intérieur Daniel Vaillant, a souhaité sur France Inter la tenue d’un "débat" sur la question, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a elle tenu à rappeler que le président de la République n’avait pas changé d’opinion sur la question. "Il est opposé à la dépénalisation du cannabis", a-t-elle indiqué à l’issue du Conseil des ministres, mercredi.
De son côté, Cécile Duflot s’est fendue d’un message sur son compte Twitter pour tenter de désamorcer une “polémique stupide” (“Je me demande quelle nouvelle polémique stupide l'UMP tendance lourdauds va tenter de créer pour la journée.... #carambaencoreraté” ). Mais le député PS de la Seine-Saint-Denis Claude Bartolone a lui estimé, sur France Info, que les déclarations de la ministre constituaient une "erreur de jeunesse gouvernementale".
Déjà, lors de la campagne présidentielle, le candidat Hollande avait été obligé de recadrer un proche, François Rebsamen, qui avait proposé de sanctionner la consommation de cannabis par une simple contravention. Une prise de position qui lui aurait coûté un poste de ministre, selon certains observateurs...