Des milliers d’Égyptiens se sont une nouvelle fois rassemblés place Tahrir, au Caire, mardi, pour manifester leur colère contre le verdict du procès de l'ancien raïs Hosni Moubarak. Pour eux, il s'agit d'une "farce" qui trahit la révolution.
AFP -Islamistes, jeunes des groupes pro-démocratie ou militants laïques de gauche, les milliers d'Egyptiens qui manifestaient mardi avaient un slogan commun: le verdict du procès de Hosni Moubarak et de certains proches est une "farce" qui trahit les idéaux de la "révolution".
Beaucoup sont arrivés sur la place Tahrir au Caire à bord de bus affrétés par les Frères musulmans ou des groupes salafistes, venant notamment de localités du delta du Nil.
D'autres ont convergé vers la place dans des cortèges conduits par différentes personnalités, dont deux candidats éliminés au premier tour de l'élection présidentielle, le nationaliste de gauche Hamdeen Sabbahi et l'islamiste modéré Abdel Moneim Aboul Foutouh.
"Nous voulons un jugement juste contre Moubarak et les chefs des services de police", affirmait Abdel Wahab, un ouvrier du bâtiment partisan des Frères musulmans, venu de Mansourah, au nord du Caire.
"Nous rejetons le procès Moubarak, qui a été une grande farce. Nous voulons aussi le renvoi du procureur général, qui a laissé dans le tiroir toutes les plaintes pour corruption", soulignait Hicham Khalifa, un technicien informatique.
Des dizaines de marchands ambulants ont profité de l'occasion pour vendre des auto-collants ou des affichettes représentant l'ancien raïs, 84 ans, grimaçant ou hagard, ou ridiculisé avec un corps de bébé.
M. Moubarak, qui régna sans partage sur le pays pendant trois décennies, et son ministre de l'Intérieur Habib el-Adli, ont été condamnés samedi à la prison à vie, alors que le procureur avait requis la peine capitale.
Indignation
L'ancien président égyptien Hosni Moubarak fait une "dépression nerveuse" dans la prison où il est détenu depuis sa condamnation à la réclusion à perpétuité, ont indiqué mardi les services de sécurité et un de ses avocats.
La santé de M. Moubarak, âgé de 84 ans, "s'est détériorée depuis qu'il est en prison, notamment depuis une visite de son épouse (Suzanne Moubarak) et de ses deux belles-filles" lundi, a indiqué à l'AFP un responsable de la sécurité égyptienne.
Mais c'est tout particulièrement la relaxe de six hauts responsables de la sécurité, poursuivis eux aussi pour la mort de 850 personnes durant la révolte contre le régime du début 2011, qui a suscité l'indignation de très nombreux Egyptiens.
L'absence de condamnation pour corruption contre M. Moubarak et ses deux fils, Alaa et Gamal, a encore aggravé le sentiment que la justice n'avait pas voulu s'attaquer aux maux contre lesquels la population s'était révoltée.
Egalement en ligne de mire des manifestants, Ahmad Chafiq, le dernier Premier ministre de M. Moubarak, qui affrontera le Frère musulman Mohammed Morsi au second tour de la présidentielle les 16 et 17 juin.
"Tout le monde sait qu'il est le candidat des militaires", qui dirigent le pays depuis la chute de l'ancien président, déclarait Hicham Khalifa.
Mais le ralliement au candidat des Frères n'était pas pour autant acquis pour les sympathisants d'autres mouvements, qui redoutent de voir la puissante confrérie déjà en force au Parlement monopoliser le pouvoir.
"Nous accepterons de voter pour Mohammed Morsi à condition qu'il prenne des vice-présidents et un chef de gouvernement venant d'autres formations", avertissait Ayman Mohammed, employé d'une société de commerce.
Certains jeunes arboraient quant à eux des badges appelant au boycott du second tour.
D'autres réclament la suspension de l'élection, en attendant que la cour constitutionnelle statue sur la validité de la candidature de M. Chafiq, qui pourrait tomber sous le coup d'une loi interdisant aux hauts responsables de l'ancien régime de se présenter.
Mais Abdel Wahab, l'ouvrier Frère musulman de Mansourah, n'a quant à lui pas d'état d'âme électoral: "Nous voulons un vote à la date prévue, pour élire Mohammed Morsi", réclamait-il.