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L'Espagne a détaillé le processus de sauvetage public de Bankia. Mais l'annonce de ce plan à 23,5 milliards d'euros a provoqué la panique des marchés. Mercredi, la Bourse madrilène a fermé à son plus bas niveau en neuf ans.

AFP - L'Espagne a tenté mercredi, en vain, d'apaiser les fortes tensions des marchés en détaillant le processus de sauvetage de Bankia, le plus cher de son histoire, admettant aussi qu'elle doit désormais tout faire pour "retrouver la confiance" des investisseurs.

Le pays est le "centre d'intérêt non seulement pour les pays de la zone euro mais aussi, probablement, pour l'économie mondiale", a noté le gouverneur de la Banque d'Espagne, Miguel Angel Fernandez Ordonez, devant le Sénat.

Son "principal problème est la chute de tous les indicateurs de confiance ces derniers mois, aggravée depuis quelques semaines par la gestion de la dernière crise bancaire", celle de Bankia, qui croule sous les actifs immobiliers risqués.

"Rien n'est plus important maintenant que de retrouver la confiance" du marché: "sans elle nous ne pourrons résoudre aucun de nos problèmes".

Car le coup de stress des marchés, provoqué par l'annonce d'un prochain sauvetage public de Bankia pour 23,5 milliards d'euros (dont 19 milliards restent à trouver), s'est transformé en vent de panique: mercredi la Bourse madrilène a terminé à son plus bas niveau en neuf ans, plongeant de 2,58% à 6.090,4 points.

La prime de risque (surcoût payé par l'Espagne pour emprunter à dix ans par rapport à l'Allemagne, référence en zone euro) a battu de nouveaux records, grimpant jusqu'à 541 points.

Pour calmer la tempête, le ministre de l'Economie Luis de Guindos s'est voulu pédagogique, expliquant comment l'argent public sera fourni à Bankia.

"Ce sera le mécanisme habituel, celui que l'on a utilisé pour d'autres injections du (fonds public) Frob auparavant, c'est-à-dire des émissions du Frob qui se font évidemment sur les marchés de capitaux et ensuite, au fur et à mesure des besoins, on injecte le capital", a-t-il dit.

Il reste moins de 5 milliards dans le Frob, créé en 2009 pour aider le secteur, et l'Espagne devra donc trouver 14 milliards sur les marchés. Un objectif périlleux à un moment où les taux d'intérêt appliqués au pays sont très élevés.

Après l'apport du Frob, "Bankia sera une banque publique, et n'ayez pas le moindre doute que l'on va récupérer tout le capital investi", a lancé Luis de Guindos aux députés.

"En assainissant Bankia, nous réalisons l'étape la plus substantielle pour dissiper les doutes existant sur la solvabilité du système financier espagnol", fragilisé depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008, a-t-il ajouté.

Mais l'Espagne n'est pas au bout de ses problèmes: comme l'a souligné le gouverneur de la banque centrale, "il est maintenant prioritaire de retrouver de la crédibilité en appliquant le budget de manière rigoureuse".

Le pays a connu un grave dérapage budgétaire en 2011 avec un déficit à 8,9% du PIB contre 6% promis, et veut atteindre 5,3% cette année.

Pourtant "il y a des risques que les recettes prévues soient plus faibles", a admis le gouverneur, et les dépenses pourraient elles être plus élevées que prévu, notamment pour payer les prestations de chômage, dans un pays où près d'un actif sur quatre n'a pas d'emploi.

De quoi compromettre l'objectif de déficit.

La Commission européenne a d'ailleurs appelé mercredi l'Espagne à "accélérer substantiellement le rythme de ses réformes", jugeant qu'elle "fait face à de sérieuses difficultés pour rétablir la confiance des marchés".

Mais le commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn, a insufflé une petite dose de réconfort au pays, en annonçant que la Commission est "prête à envisager de prolonger d'un an le délai pour que l'Espagne atteigne ses objectifs budgétaires".

L'Espagne aurait ainsi jusqu'à 2014, et non plus 2013, pour revenir à un déficit public de 3% du PIB.

Le dernier mot reviendra toutefois aux Etats européens.

Dans son effort budgétaire, l'Espagne est en tout cas soutenue par l'Allemagne.

"Le gouvernement allemand a confiance dans la voie des réformes sur laquelle s'est engagée l'Espagne", a affirmé mercredi le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, ajoutant qu'il sait "très bien à quel point les problèmes sont grands et sérieux".

Après avoir tenté de rassurer les marchés, Luis de Guindos, se rendait d'ailleurs mercredi à Berlin pour rencontrer son homologue allemand, Wolfgang Schäuble.