
Jean-Marc Ayrault consultera mardi les représentants des organisations syndicales et patronales afin de préparer la grande conférence sociale de l'Élysée, prévue le 14 juillet. Les thèmes abordés concerneront notamment l'emploi et la compétitivité.
Syndicats et patronat défilent mardi dans le bureau du Premier ministre. À l’ordre du jour : permettre à chacun d’établir les grandes priorités de ce début de mandat. Après cinq années de relations houleuses entre les syndicats et le gouvernement sortant, Jean-Marc Ayrault pose la première pierre d’un "dialogue social renouvelé", donnant le ton du quinquennat de François Hollande.
Le Premier ministre, accompagné de Michel Sapin (ministre du Travail), Arnaud Montebourg (Redressement productif), Marisol Touraine (Affaires sociales) et Marylise Lebranchu (Fonction publique), rencontre individuellement les cinq organisations syndicales françaises (CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC) ainsi que les trois organisations patronales (Medef, CGPME et UPA), chacune pendant une heure à Matignon.
"Je vais écouter attentivement la manière dont ils voient l'instauration dans la durée du dialogue social et la démocratie sociale", affirmait le Premier ministre la semaine dernière lors de l'annonce du calendrier de ses rencontres avec les partenaires sociaux : conférence à Matignon début juin pour préciser les chantiers de la grande conférence sociale, prévue le 14 juillet à l’Elysée.
En rupture avec l’ère Sarkozy, le nouveau gouvernement a donc à cœur d’inscrire le dialogue comme base de toute réforme économique ou sociale. D'ailleurs, la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem expliquait, dimanche sur l’antenne de Canal+, que les réformes menées "dans l'improvisation permanente, sans consulter les partenaires sociaux" ne marchent pas. Elle a même évoqué l’idée de "constitutionnaliser" le dialogue social. Mais si l’ère de la "démocratie sociale" a sonné, l’ampleur de la tâche n’en est pas moins vaste.
Le chômage au cœur des discussions
Au premier rang des sujets de préoccupation : l’emploi. Le patron de la CFDT, François Chérèque, qui a ouvert le bal des consultations à 9 heures ce matin, comptait dire "au Premier ministre que le problème de l'emploi est le plus urgent à traiter".
Avec un taux de chômage de près de 10 % et un certain nombre de plans sociaux annoncés, le second semestre pourrait se révéler difficile, dans un contexte de crise économique. La CGT a dressé une liste noire de 46 entreprises et sites en redressement ou en liquidation en France, soit près de 45 000 emplois qui seraient menacés dans tous les secteurs.
Le syndicat doit envoyer cette liste au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui planche actuellement sur un "plan de reconquête industriel", ainsi que des propositions pour l’emploi. Cette liste contient un grand nombre d’entreprises connues en difficultés (PSA, Petroplus, Carrefour, Arcelor, E.ON France, etc.). Le syndicat devrait également faire des propositions pour multiplier par cinq les financements du chômage partiel, et renforcer les droits des salariés dans les conseils d'administration.
La patronne des patrons met l’accent sur la perte de compétitivité
La patronne du Medef, Laurence Parisot, déclarait dimanche sur la radio RTL qu'"il n’y a pas plus de plans sociaux à l’heure actuelle qu’à la même époque l’année dernière et les licenciements économiques ne représentent que 3 % des nouveaux inscrits à Pôle emploi."
En accord avec la CGPME, la patronne des patrons a rappelé qu’"en réalité, il y a longtemps que nous-mêmes, entrepreneurs, Medef, alertons sur les pertes de compétitivité de notre économie". "Ce qui est annoncé ou en préparation n’est malheureusement que la conséquence de cette perte de compétitivit"é, a-t-elle indiqué, insistant sur le danger d’ajouter des "charges" nouvelles aux entreprises.
Laurence Parisot défend au contraire les allègements de cotisations prônés par Nicolas Sarkozy. Pour elle, "lutter contre les licenciements, c'est d'abord favoriser l'embauche. Et donc éviter toute mesure économique et sociale qui freine les embauches", a-t-elle rappelé. Elle compte aussi insister sur le maintien de la TVA sociale votée par le gouvernement sortant et sur la non-augmentation des cotisations vieillesse que le gouvernement compte relever pour financer le retour partiel de la retraite à 60 ans.
Retraite, Smic, pouvoir d’achat, etc..
Le rétablissement de la retraite à 60 ans pour certains salariés et la révision du smic, tel que voulu par François Hollande, seront aussi au menu des sujets délicats. FO et la CGT comptent réitérer leur demande de réinstauration de la retraite à 60 ans et de la revalorisation du salaire minimum à 1 340 euros net. "Une urgence" pour Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, qui compte également soulever les questions du pouvoir d’achat, de la protection sociale ou de la fonction publique.
Les points à négocier sont donc nombreux. Habitué aux grands-messes sociales sans résultats, Mailly reste donc prudent, rappelant au Figaro que "si on met vingt sujets sur la table, ça ne va pas marcher". La "démocratie sociale" n’a pas fini de faire ses preuves.