Des dizaines de milliers personnes ont défilé dimanche à Casablanca pour réclamer plus d'équité sociale dans le domaine de l'emploi. Il s'agit de la manifestation la plus importante depuis l'arrivée au pouvoir des islamistes.
AFP - Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche à Casablanca, la plus grande ville du Maroc où les tensions sociales sont exacerbées par la sécheresse et par un chômage en hausse.
Cette manifestation qui a surpris par son ampleur est la plus importante contre le gouvernement dirigé depuis janvier dernier par un islamiste, Abdelilah Benkirane. Les élections de novembre 2011 avaient été marquées par une nette victoire de sa formation, le Parti justice et développement (PJD).
Elle a été organisée à l'appel de la Confédération démocratique du Travail et la Fédération démocratique du Travail, deux syndicats proches de l'Union socialiste des forces populaires (USFP, opposition parlementaire)
Depuis plusieurs jours, alors que le chômage ne cesse d'augmenter, les responsables syndicaux lançaient au gouvernement des appels au dialogue à propos de la hausse des salaires et de l'amélioration des conditions sociales des salariés.
Près de 30% des jeunes âgés de 15 à 29 ans sont au chômage, selon un rapport de la Banque mondiale (BM) rendu public le 14 mai à Rabat. Sur les 32 millions d'habitants que compte le Maroc dont près de 11 millions sont âgés de 15 à 35 ans.
"Il y a plus de 50.000 personnes qui manifestent pour appeler le gouvernement à ouvrir un dialogue véritable face à la tension sociale de notre pays", a indiqué à l'AFP Hassan Tariq, un député UFSP présent à la manifestation.
"Un message clair au gouvernement Benkirane"
"Il y a un message d'unité syndicale et un message clair au gouvernement Benkirane pour qu'il clarifie sa stratégie gouvernementale", a-t-il dit.
"Nous voulons aussi que la loi sur le droit de grève, qui sera prochainement adoptée, soit libérale et non répressive", a précisé pour sa part un autre membre dirigeant de l'USFP, joint par téléphone.
Un responsable de la police a estimé pour sa part, dans une déclaration à l'AFP, que le nombre de manifestants était "entre 15 et 20.000. "Mais ils sont dispersés dans plusieurs artères de Casablanca" a-t-il ajouté.
Du rond-point de Dakar à celui de Mers Sultan, au coeur de la capitale économique, des milliers de manifestants ont sillonné les grandes artères de la plus grande ville du Maroc, en scandant des slogans hostiles au gouvernement. "Benkirane et Fouad Ali El Himma (ndlr, un très proche conseiller du roi Mohammed VI), deux faces d'une même monnaie", ont notamment crié les contestataires sous la surveillance discrète des forces de l'ordre.
Les autres problèmes auxquels fait face le gouvernement islamiste sont la sécheresse et une baisse vertigineuse des recettes du tourisme: plus de 17% en janvier 2012 selon les derniers chiffres officiels. Le tourisme est la principale source de devises du royaume avec les transferts d'argent des Marocains établis à l'étranger et les ventes de phosphates.
Des centaines de jeunes du Mouvement du 20 février, né dans le tumulte du Printemps arabe et appelant à des réformes profondes de la monarchie, ont également participé à cette manifestation, où les islamistes étaient quasiment absents.
"Le gouvernement Benkirane doit clarifier son programme et ne pas se contenter de déclarations. On ne connaît pas la stratégie de ce gouvernement. Il doit ouvrir un dialogue véritable et clair avec les syndicats", a déclaré un syndicaliste devant plusieurs manifestants.