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Navi Pillay prolongée de deux ans à la tête du Haut-Commissariat aux droits de l’homme

L'Assemblée générale de l'ONU a choisi d'accorder un nouveau mandat à la Haut-Commissaire aux droits de l'Homme, Navi Pillay. Une décision adoptée à l'unanimité, malgré les critiques suscitées par certaines prises de position de la diplomate.

Navi Pillay a appelé, le 25 mai, les pays occidentaux à suspendre les sanctions frappant le Zimbabwe et le président Mugabe afin de permettre la tenue d'élections libres. La veille, la Sud-Africaine avait obtenu le renouvellement son mandat, pour une durée de deux ans, à la tête du Haut-Commissariat aux droits de l'Homme. Adoptée à l'unanimité par l'Assemblée générale de l'ONU, cette décision a été saluée par une salve de commentaires laudateurs de la part des ONG de défense des droits de l'homme.

"Navi Pillay a effectué du bon travail durant le mandat qui vient de s’achever. Nous sommes heureux qu’elle soit reconduite car il faut privilégier une continuité. Nous vivons une période nouvelle en matière de droits de l’homme," confie Julie di Rivero, directrice du bureau de Genève de Human Right Watch, contactée par FRANCE 24.

Période post-révolutionnaire

Une période nouvelle amorcée par les révolutions arabes. "Le printemps arabe a été un moment décisif dans le mandat de la haut-commissaire, elle a su saisir l’importance du moment et identifier qu’il s’agissait d’une crise de droits de l’homme," rapporte la responsable humanitaire, soulignant la fermeté dont l’ancienne juge à la Cour Suprême d’Afrique du Sud a fait preuve.

Louée par ses pairs pour sa condamnation de la répression dans les pays arabes, l’ancienne juge de la Cour pénale internationale est une personnalité exemplaire, confie Anne Castagnos, responsable des relations extérieures pour Amnesty International, à FRANCE 24. Celle qui a débuté sa lutte pour les droits de l’homme en Afrique du Sud, son pays d’origine, fut la première femme à ouvrir un cabinet d’avocats dans la province du Natal. Profondément marquée par l’apartheid, la septuagénaire considère que sa propre expérience lui a été bénéfique pour accéder à une meilleure compréhension de la souffrance. "Son meilleur atout est d’avoir su maintenir un dialogue avec des représentants de tous les pays, tout en formulant des critiques," ajoute Julie di Rivero.

Israël sur la sellette

La reconduction de Navi Pillay ne ravit cependant pas tout le monde. Fruit d'un compromis accepté par l'ONU sous la pression de certains pays, notamment des Etats-Unis, le nouveau mandat de Navi Pillay n’est que de deux ans - contre quatre ans habituellement. Si certains rappellent que ce demi-mandat résulte de la volonté du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, de voir un renouvellement prochain à la tête du haut-commissariat, d’autres soulèvent des désaccords avec Washington. Les prises de position répétées de Navi Pillay envers Israël - qu’elle a classé parmi les pays qui restreignent les activités des organisation des droits de l’homme - et contre le blocus imposé à la bande de Gaza ont en effet agacé la droite dure américaine.

Dans une lettre adressée à la représentante des Etats-Unis à l’ONU peu avant la nomination de l’intéressée, deux députés républicains ont ainsi exhorté l’administration Obama à s’opposer à ce prolongement, soulignant son manque d’objectivité à l’encontre de l'État hébreu et la faiblesse de ses positions contre le régime syrien. Ils ne devraient pas manquer de revenir à la charge au cours des prochains mois, le nouveau mandat de Navi Pillay courant du 1er septembre 2012 au 31 août 2014.