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Tensions à Fort-de-France au cours d'une contre-manifestation

Des incidents ont éclaté entre manifestants et forces de l'ordre à Fort-de-France, en Martinique, où trois policiers auraient été légèrement blessés par balle. Le préfet de Martinique, Ange Marcini, a lancé un appel au calme "solennel".

AFP - De violents incidents ont éclaté vendredi en Martinique autour du siège du collectif qui mène le mouvement de grève générale, dont l'homologue guadeloupéen maintient la pression pour une application générale de l'accord sur une augmentation des bas salaires.

Le préfet de Martinique Ange Mancini a lancé dans la soirée un appel au calme "solennel" à la population de Fort-de-France, où des heurts "extrêmement violents" se sont déroulés dans l'après-midi avec des coups de feu en direction des forces de l'ordre.

Il a demandé "à l'ensemble de la population de rester calmes et chez eux" après 20H00 et annoncé un déploiement massif de forces de l'ordre équivalent à celui instauré après les émeutes des nuits du 24 au 25 février et du 25 au 26.

Les incidents ont éclaté dans l'après-midi sur la rocade de Fort de France, en marge d'une opération escargot menée par des chefs d'entreprise et agriculteurs contre le blocage de l'île depuis plus d'un mois.

Cette initiative a été perçue comme une provocation, et des jeunes ont pris à partie les manifestants et les gendarmes mobiles qui étaient intervenus en tirant des lacrymogènes.

Des accrochages sporadiques, jets de bouteilles contre tirs de lacrymogènes, se sont ensuite déplacés vers le centre-ville, notamment aux abords de la Maison des syndicats, quartier général du "Collectif du 5 février".



Le député-maire de Fort-de-France, Serge Letchimy (Parti progressiste martiniquais, PPM, app-PS), sur le terrain pour tenter d'apaiser les tensions, a été pris en charge par les pompiers à la Maison des syndicats "pour un malaise après avoir trop respiré de gaz lacrymogènes", mais son état n'était pas jugé inquiétant.

En Guadeloupe, où un accord de sortie de grève avait été trouvé dans la nuit de mercredi à jeudi après 44 jours de grève, le "collectif contre l'exploitation" LKP exige toujours la généralisation de l'accord salarial prévoyant 200 euros d'augmentation pour les bas salaires, rejeté notamment par le Medef.

Le ministère du Travail a annoncé le lancement de la procédure d'extension de l'accord, et le Medef local, qui se dit victime de pressions du LKP, a estimé qu'il pourrait dans ce cadre faire valoir ses positions.

Mais Elie Domota, leader emblématique du LKP, a prévenu dès jeudi soir qu'il n'entendait pas baisser la garde: "Soit ils appliqueront l'accord, soit ils quitteront la Guadeloupe. Nous sommes très fermes sur cette question là. Nous ne laisserons pas une bande de békés rétablir l'esclavage".

Une référence aux descendants de colons blancs qui a ravivé le spectre de tensions raciales dans une île à l'histoire marquée par l'esclavage.

Le préfet, Nicolas Desforges, a dénoncé des propos "inacceptables", appelant au respect "des règles républicaines".

Dans ce contexte, l'inquiétude et la fébrilité régnaient et une rumeur annonçant par SMS une grève des personnels de l'unique dépôt pétrolier insulaire a provoqué de longues files d'attente devant les stations services.

A La Réunion, des négociations ont débuté entre pouvoirs publics, patronat, élus et le Collectif contre la vie chère qui appelle à une grève générale reconductible à partir de mardi. L'objectif affiché par le préfet est de parvenir à un accord avant le début du mouvement.

"Il y a de la part du patronat la volonté de ne rien lâcher. C'est l'amplification du rapport de forces qui lui permettra d'entendre ce qui s'exprime dans la rue", a déclaré à la presse Ivan Hoareau, secrétaire général de la CGTR, après cette première rencontre. Mais les discussions devaient se poursuivre samedi et dimanche.