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Obama et Hollande, l'humour comme arme diplomatique

Pour leur première rencontre au sommet, Obama et Hollande ont abordé des sujets aussi délicats que le dossier afghan ou la crise de l'euro. Mais les deux hommes ont aussi manié l’humour, une arme dont ils ont fait tous deux leur marque de fabrique.

Croissance économique mondiale, austérité budgétaire, retrait des troupes en Afghanistan… et petites saillies sur les hamburgers américains. Pour la première rencontre au sommet entre le président français fraîchement élu et son homologue américain, le courant est plutôt bien passé. Reçu vendredi après-midi dans le prestigieux Bureau ovale de la Maison Blanche, François Hollande a tenu d’entrée de jeu à donner à son hôte quelques gages de l’amitié "indéfectible" franco-américaine. Et en "Hollandie", ce gage, c’est l’humour – un trait de caractère que nombre d’observateurs prêtent volontiers aux deux présidents.

Alors devant les caméras du monde entier et après avoir "balayé" pendant plus d’une heure trente, à huis clos, les grands sujets de fond qui seront au menu du G8 et du sommet de l’Otan - notamment le délicat dossier du retrait des troupes d'Afghanistan et la crise de la zone euro -, les deux hommes ont conclu leur première prise de contact sur des traits d’humour.

La diplomatie du cheeseburger

Sur un ton plus léger donc, le nouveau président français a tenu à remercier son hôte

Le G8 juge "impératif" d'encourager la croissance

Les dirigeants du G8 ont jugé samedi "impératif" d'encourager la croissance et
l'emploi pour relancer l'économie mondiale et ils ont prôné le
maintien de la Grèce dans la zone euro.

Dans le communiqué publié à l'issue de leur sommet à Camp David, aux Etats-Unis, les dirigeants du G8 soulignent "l'importance d'une zone euro forte et unie" pour la stabilité et la relance mondiales.

"Nous sommes déterminés à prendre toutes les mesures nécessaires pour renforcer et revigorer nos économies", ajoutent-ils. (AFP)
 

pour "sa grande connaissance" de sa vie personnelle. Barack Obama, en effet, n’était pas sans savoir que François Hollande était un grand amateur des petits pains ronds américains. Une faiblesse culinaire née d’un stage aux États-Unis dans les années 1970 et au cours duquel François Hollande avait étudié le système des fast food. "Je ne veux rien dire qui puisse laisser penser que les cheeseburgers pourraient avoir quelque défaut que ce soit", a notamment plaisanté le président socialiste, conscient que l’éloge du sandwich américain est un rituel indispensable pour "s'attirer le sourire lumineux de Barack Obama", note le Nouvel Observateur. 

"Cheeseburger goes very well with french fries !" (le cheeseburger se marie très bien avec les frites [françaises] !)", a répondu le président Obama en riant : "J’espère donc que les cheeseburgers de Chicago seront à la hauteur"… Ce à quoi, le Français, à l’aise avec la langue anglaise, a rétorqué faussement sérieux : "Aucune déclaration concernant les frites…", à l’attention des journalistes.

Un peu plus tôt, c’est le sujet du "scooter" qui s’était immiscé dans la discussion. "J’ai prévenu M. Hollande qu’il ne pourra plus se déplacer en scooter à Paris", a déclaré, avec un zeste de paternalisme, Barack Obama. "J’ai moi-même essayé mais le ‘secret service’ m’en a empêché", confesse le passager privilégié de l’Air Force One devant une assemblée hilare. "J’espère ne pas avoir à l’utiliser avant longtemps" a déclaré le chef de l’Etat français qui, en filant la métaphore, a laissé entendre qu’il ne bouderait pas son plaisir devant un second mandat...

François Hollande : le seul homme politique en cravate

Dans la soirée, la bonne ambiance a perduré. Vendredi soir, alors que le président américain accueillait les dirigeants des huit pays les plus industrialisés à Camp David (en banlieue de Washington), les taquineries ont continué d’alimenter les échanges entre les deux hommes. Barack Obama a fait remarquer à son homologue qu'il avait le droit d’enlever sa cravate, après que le nouveau président français eut été le seul à porter cet accessoire en arrivant au G8.

Tous les invités, du président de la Commission européenne José Manuel Barroso au Premier ministre japonais Yoshihiko Noda en passant par le président américain, s'étaient passés de l’élégance du jabot. "François, on avait dit que tu pouvais enlever la cravate !", s'est écrié le président américain. "For my press ! (Pour ma presse!)", a répondu le Français, visiblement détendu. "For your press, you must look good ! (Pour ta presse, il faut que tu présentes bien !)", a convenu le président américain alors qu’une haie de photographes immortalisait cette arrivée. A noter : la Maison Blanche a diffusé tard vendredi soir une photo officielle de ce dîner. François Hollande, assis à la droite du président américain, y avait fait tomber la cravate…
 

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1ere journée de François Hollande en visite officielle aux États-Unis