Le socialiste François Hollande a été élu à la tête de la République française en recueillant 51,62 % des voix. La passation de pouvoir entre le président élu et le sortant, Nicolas Sarkozy, a été fixée au 15 mai.
Dix-sept ans après la fin du second mandat de François Mitterrand, un candidat socialiste va s'installer au palais de l'Élysée. François Hollande a été élu président de la République avec 51,62 % des voix selon les résultats définitifs du ministère de l’Intérieur. Il devance son rival, le président UMP sortant Nicolas Sarkozy, qui n'a recueilli que 48,33 % des voix. La participation au second tour de l'élection présidentielle a atteint 81,03%, taux supérieur à celui de premier tour (79,5%). La passation de pouvoir entre les deux hommes a été fixée au 15 mai.
L'austérité "nest pas une fatalité"
Le président élu a réservé sa première déclaration publique aux personnes réunies sur la place de la cathédrale, à Tulle, chef lieu du département de la Corrèze, dont il est président du Conseil général. "Je serai le président de tous", a-t-il lancé à la foule. "La promesse de la réussite sera honorée pour l'accomplissement pour chacun, pour sa vie et pour son destin personnel", "trop de fractures, trop de blessures, trop de ruptures, trop de coupures ont pu séparer nos concitoyens, c'en est fini !"
itDès cette déclaration de victoire, il a tenu à lancer un message aux partenaires européens de la France. "Je suis sûr que dans bien des pays européens ça a été un soulagement, un espoir, l'idée qu'enfin l'austérité ne pouvait plus être une fatalité. Et c'est la mission qui désormais est la mienne (...) et c'est ce que je dirai le plus tôt possible à nos partenaires européens et d'abord à l'Allemagne. Ma victoire doit être un nouveau départ pour l'Europe", a-t-il poursuivi.
Un proche de François Hollande, Pierre Moscovici, a indiqué que la chancelière allemande Angela Merkel avait appelé François Hollande pour le féliciter et l'inviter prochainement à Berlin.
Nicolas Sarkozy "porte toute la responsabilité de cette défaite"
Élu en 2007 face à Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy n’exercera pas de second mandat. C’est la première fois, depuis Valéry Giscard d’Estaing et sa défaite de 1981, qu’un chef d’État français ne parvient pas à se faire réélire. Le président sortant, qui a attendu les résultats à l’Élysée, s’est exprimé vers 20 h 30 depuis la Maison de la Mutualité, dans le 5e arrondissement de Paris.
"Je porte toute la responsabilité de cette défaite", a annoncé Nicolas Sarkozy, visiblement ému. "Je resterai l'un des vôtres, mais ma place ne pourra plus être la même. Après cinq ans à la tête de l'État, mon engagement sera différent", a-t-il expliqué, sans indiquer clairement quel rôle il compte tenir dans la campagne des législatives, qui se tiendront au mois de juin.
itParmi les supporters rassemblés devant la Mutualité, Vincent Callius a confié à FRANCE 24: "On est déçus mais c’est le jeu de la démocratie. On a cru jusqu’à la dernière minute qu’il pouvait gagner. Sarkozy a perdu à cause de son style mais pas à cause de ses actions. François Hollande n’a pas le bon programme pour le pays et la crise économique risque d’empirer sous sa présidence."
Les chiffres de l’institut Ipsos pour FRANCE 24 soulignent dans quelle mesure les électeurs des candidats éliminés au premier tour se sont reportés sur la candidature de François Hollande : environ 81 % des électeurs de Mélenchon, 29 % de ceux de François Bayrou et 14 % des électeurs de Marine Le Pen. En outre, 55 % des électeurs de François Hollande ont indiqué avoir voté pour le candidat socialiste afin de "barrer la route à Nicolas Sarkozy".
La fête à la Bastille
Le vainqueur a prévu de rallier Paris en avion, via l'aéroport de Brive-la-Gaillarde, pour prendre part à une fête place de la Bastille, lieu emblématique de la gauche française, où sont célèbrées les victoires depuis la première élection de François Mitterrand en 1981. Plusieurs artistes et personnalités, dont les chanteurs Anaïs et Yannick Noah, divertissent la foule massée au pied de la célèbre colonne, en attendant la venue de François Hollande.
D’autres supporters de François Hollande sont rassemblés devant le siège du Parti socialiste à Paris, rue de Solferino, où ils ont pris connaissance des résultats grâce à un écran géant installé au milieu de la chaussée. Mais l’ambiance était à la fête depuis plusieurs heures dans cette rue du 7e arrondissement de la capitale, des militants s’étant échangés les premiers chiffres qui affluaient sur les réseaux sociaux et les sites de la presse étrangère, selon l’envoyée spéciale de FRANCE 24.
Participation en baisse par rapport à 2007
Lors du premier tour du 22 avril, François Hollande était arrivé en tête avec 28,63 % des suffrages, devant Nicolas Sarkozy (27,18 %).
Au total quelque 46 millions d'électeurs français étaient appelés aux urnes en métropole, dans les départements et territoires d'outre-mer, ainsi que dans les pays étrangers.
Une fois sa victoire célébrée et digérée, François Hollande devrait rapidement se mettre au travail. L'un de ses proches, Jean-Marc Ayrault, a annoncé dans la journée que le président élu allait s'entretenir dès ce dimanche avec la chancelière allemande Angela Merkel afin de préparer le premier sommet franco-allemand de son mandat. Le nouveau président a en effet prévu de s'envoler vers Berlin dans les jours qui suivent son investiture, prévue le 14 ou le 15 mai.
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a qualifié d'"évènement historique" l'élection de François Hollande comme nouveau président français. "Nous allons travailler ensemble à un pacte de croissance pour l'Europe", a-t-il déclaré lors d'une courte visite à l'ambassade de France à Berlin après la victoire du candidat.
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