La gauche et les syndicats critiquent l'invitation de Nicolas Sarkozy à un rassemblement autour du "vrai travail" le 1er mai, jour de la traditionnelle fête syndicale. Le Parti socialiste dénonce une volonté de diviser les Français.
AFP - L'annonce par Nicolas Sarkozy d'un "très grand rassemblement" autour du "vrai travail" le 1er mai, jour de la traditionnelle fête syndicale, a suscité un tollé à gauche, le PS s'en prenant à son bilan sur le chômage quand d'autres l'accusent de vouloir ratisser les terres du FN.
"Le 1er mai, nous allons organiser la fête du travail, mais la fête du vrai travail, de ceux qui travaillent dur, de ceux qui sont exposés, qui souffrent, et qui ne veulent plus que quand on ne travaille pas on puisse gagner plus que quand on travaille", a déclaré M. Sarkozy à la presse. Un rassemblement qui doit avoir lieu sur le Champ-de-Mars.
Depuis le début de sa campagne, le président-candidat qui a dénoncé les "corps intermédiaires" et s'est posé en défenseur de la "valeur travail" par opposition à "l'assistanat", s'en est pris à plusieurs reprises à la CGT et à la CFDT, qu'il a accusées de "faire de la politique" plutôt que de "défendre les intérêts des salariés".
La CFDT a jugé "inquiétante" la tentative de "responsables politiques" de "s'autoproclamer uniques représentants des travailleurs" et de vouloir "détourner l'objet" du 1er mai alors que l'intersyndicale (CFDT, CGT, Unsa, Solidaires et FSU) a appelé à des mobilisations unitaires pour "faire entendre les priorités sociales", notamment l'emploi.
En déplacement à Quimper, François Hollande a souligné qu'il n'entendait pas faire du 1er mai "une fête des uns contre les autres". Ce à quoi M. Sarkozy a rétorqué depuis Saint-Cyr-sur-Loire qu'il avait lui aussi "le droit de parler du travail" : "je ne savais pas que le 1er mai avait été privatisé par le Parti socialiste", a-t-il ironisé.
L'équipe du candidat socialiste, favori des sondages, a enchaîné. Bernard Cazeneuve, son porte-parole, a estimé que plutôt que de "diviser les Français avec sa "fête du vrai travail", M. Sarkozy serait "tout à fait fondé à organiser la fête du vrai chômage, compte tenu de son bilan".
"C'est vraiment une honte d'utiliser le 1er mai", a réagi la numéro un du PS, Martine Aubry, soulignant que M. Sarkozy avait "augmenté d'un million" le nombre de chômeurs sur son quinquennat, alors, a-t-elle dit, "à sa place je ferais profil bas".
Quatrième homme de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon (11,1%), a parlé d'"une radicalisation du combat" par Nicolas Sarkozy, voyant dans les manifestations unitaires "le meilleur anti-poison dont on dispose".
"Jusqu'à présent, il n'y avait que les fachos qui faisaient ça le 1er mai et nous, on faisait le cortège, quand il y en a, avec les syndicats", a fait valoir le candidat du Front de gauche, s'en prenant en même temps à Marine Le Pen dont le FN organise depuis les années 80 un hommage à Jeanne d'Arc ce jour-là.
Alors que M. Mélenchon a déjà plusieurs fois appelé à se ranger derrière les syndicats pour un "1er mai stupéfiant d'unité et de puissance", son conseiller Eric Coquerel a jugé que M. Sarkozy voulait "déclarer la guerre aux travailleurs" qu'il "méprise", dénonçant "un clin d'oeil supplémentaire au FN".
Du côté des écologistes, le sénateur Jean-Vincent Placé (EELV), soutien d'Eva Joly (2,3%), a aussi dénoncé une "provocation préméditée" d'un président sortant qui veut "courir derrière les voix" du Front national avec des "discours les plus poujadistes possibles contre les forces syndicales du pays".
Quant au NPA, il a souligné que Nicolas Sarkozy prenait "les accents de Pétain" pour "gagner les voix" de Marine Le Pen, le parti de Philippe Poutou (1,15%) appelant à faire de ce jour-là "un raz-de-marée antiraciste et antifasciste contre la droite".