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Faible secousse sur les marchés après le bon score de Hollande

Le CAC40 a perdu plus de 3 % au lendemain de l'arrivée en tête de François Hollande au premier tour de l'élection présidentielle. Une baisse que les analystes n'imputent pas essentiellement aux bons résultats du candidat socialiste...

C’est une secousse d’intensité moyenne qui a agité le Bourse de Paris au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle française. Ce lundi 23 avril, l'indice CAC40 a perdu plus de 3 %. Un recul que les analystes mettent en partie sur le compte de l‘arrivée en tête du socialiste François Hollande, avec 28,63% des suffrages.

“Cette mauvaise journée est due aux deux tiers à la conjoncture économique européenne et à un tiers au bon score de François Hollande”, analyse Pascal de Lima, spécialiste du secteur financier et enseignant à Sciences-Po Paris. Au chapitre des éléments qui ne relèvent pas de la politique française, on trouve la démission du Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, qui n’a pas réussi à imposer son plan de réduction des déficits, et l’aggravation de la situation économique de l’Espagne.

Menace sur l'actuel couple franco-allemand

Mais ces deux événements ne suffisent pas à justifier la baisse du CAC40. “Les incertitudes sur l'issue du scrutin en France constitue le motif supplémentaire d’inquiétude ayant entraîné la Bourse vers le bas”, affirme Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities, une société française d'investissements.

Le bon score du candidat socialiste français suscite la défiance des places financières pour deux raisons. Tout d'abord, “les investisseurs réagissent toujours aux vieux clichés d’une gauche, même sociale-démocrate, qui serait par essence hostile aux marchés”, souligne Pascal de Lima. Et les déclarations de François Hollande sur le monde de la finance qui serait “l’ennemi à abattre” n’ont, d’après cet économiste, pas contribué à rassurer les boursicoteurs de tous les pays...

L’arrivée probable du héraut de la gauche française à l’Élysée est, en outre, “perçue comme une mauvaise nouvelle pour l’avenir de la politique économique incarnée par l'actuel couple franco-allemand”, juge Pascal de Lima. Cette Europe engagée sur la voie des réductions des déficits, “ce sont Nicolas Sarkozy et Angela Merkel qui l’ont mis en place et ont ainsi réussi à calmer les marchés”, explique le spécialiste tout en rappelant que François Hollande a émis le souhait de renégocier le nouveau pacte européen de stabilité.

François Hollande "n'est pas Pol Pot"

Cet ombre sur le moteur franco-allemand n’a, d’ailleurs, pas fait que des ravages à Paris. Francfort reculait ainsi de plus de 3 % et Londres était en baisse de 1,80 % ce lundi. Mais de là à dire qu’une victoire du socialiste au soir du second tour entraînerait un effondrement complet des Bourses européennes, il y a un pas que Pascal de Lima ne franchit pas. “Ils savent que François Hollande n’est pas Pol Pot. Au lieu de paniquer, les investisseurs exprimeront surtout leur mécontentement vis-à-vis de la disqualification du candidat le plus favorable aux marchés, c’est-à-dire Nicolas Sarkozy.”