Le candidat socialiste François Hollande a déclaré mercredi qu'il resterait inflexible sur le pacte budgétaire, s'il ne contenait pas de mesures de croissance, ainsi que sur la règle d'or - deux thèmes chers à Angela Merkel.
AFP - Le candidat socialiste à l'élection présidentielle française François Hollande déclare mercredi au quotidien allemand Handelsblatt qu'il bloquera le pacte budgétaire cher à l'Allemagne s'il "ne contient pas de mesures de croissance".
"Si le pacte ne contient pas de mesures de croissance, je ne pourrais soutenir sa ratification par l'Assemblée nationale. Je l'ai promis aux Français et je m'y tiendrai", a dit au journal économique Handelsblatt celui que les sondages donnent grand favori pour le scrutin dont le premier tour a lieu dimanche.
"J'ai rencontré plusieurs chefs d'Etat européens, il n'y en a pas beaucoup qui soient satisfaits de la situation économique. Je ne suis pas isolé", a assuré M. Hollande.
Selon lui, "seule une stratégie de croissance peut sortir l'Europe de l'ornière. Tous les pays de l'Union européenne, y compris l'Allemagne, souffrent d'un déficit de dynamisme économique".
"Une discipline budgétaire renforcée au niveau national est nécessaire --mais nous ne devons pas économiser pour économiser", a argumenté M. Hollande.
Par ailleurs, il a qualifié de "pure opération de relations publiques" le projet d'inscription dans la constitution française d'une "règle d'or" plafonnant l'endettement public, défendu par l'actuel président Nicolas Sarkozy.
La généralisation en zone euro de "règles d'or" est un cheval de bataille de la chancelière conservatrice allemande Angela Merkel, depuis que l'Allemagne s'est elle-même dotée d'un tel instrument.
"Je présenterai des budgets qui nous amèneront à l'équilibre d'ici 2017", a promis M. Hollande, et ce, alors que le Fonds monétaire international a émis mardi des prévisions à même de compliquer la tâche de celui qui remportera la présidentielle française.
L'institution financière de Washington juge que le déficit public de la France devrait s'établir à 4,6% du PIB en 2012 et à 3,9% en 2013, loin de l'objectif de 3% fixé au niveau européen.
Interrogé sur le refus de Mme Merkel de le recevoir pendant la campagne, le candidat socialiste a répondu: "Je comprends qu'il existe une solidarité partisane entre les différents camps conservateurs européens."
"Sans tenir compte de ce qui s'est passé pendant la campagne: si je suis élu, ma première visite me conduira en Allemagne. Je rencontrerai alors Mme Merkel. En ces temps de grande crise, l'Europe a besoin du couple franco-allemand", a-t-il encore dit.
M. Hollande avait suscité beaucoup de remous en Allemagne en menaçant il y a quelque temps de demander la renégociation pure et simple du pacte budgétaire européen, ardemment défendu par Mme Merkel et censé renforcer la discipline financière des Etats européens.
La chancelière avait par ailleurs assuré publiquement M. Sarkozy de son soutien pendant la campagne.
A quelques jours du premier tour, M. Hollande a affirmé au Handelsblatt qu'il ne "redoutait rien, si ce n'est une trop forte abstention de ceux qui se sentent négligés par l'actuel gouvernement".
Il souligne enfin que "tous ceux, du Front de gauche, des écologistes ou du centre, qui souhaitent me soutenir après le premier tour sont bienvenus. Mais sur la base de mon programme, et d'aucun autre".