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L'Hadopi publie un rapport sur l’économie du piratage en France

Après une année 2011 faste pour le streaming en France, l'exercice 2012 devrait être davantage bénéfique pour le téléchargement direct, selon les conclusions d’un rapport publié lundi par l’Hadopi.

Le piratage de films et de musique peut-il rapporter gros ? L’Hadopi, la contestée autorité administrative qui lutte en France contre le téléchargement illégal, a publié lundi un rapport sur l’économie du streaming - la diffusion de vidéos en flux continu sur le Net - et du téléchargement direct, les deux méthodes les plus populaires pour regarder des films et/ou écouter de la musique illégalement. Réalisée par l’Idate - l’institut européen dédié à l’économie numérique -, cette étude montre que le paysage de l’offre de téléchargement illégal a changé du tout au tout, le 19 janvier.

Ce jour-là, le FBI fermait Megaupload/Megavideo, les principaux sites pour trouver du contenu vidéo et audio protégé par le droit d’auteur sur Internet. La galaxie Mega représentait “la moitié du téléchargement illégal en France”, souligne le rapport de l’Idate. “En quelques jours, les trois principaux sites de streaming ont fermé et ceux qui ont continué de fonctionner ont adopté le modèle du tout payant, ce qui a donné un sérieux coup d’arrêt à cette pratique en France”, explique à FRANCE 24 Gilles Fontaine, co-directeur de l’Idate et co-auteur du rapport, avec Vincent Bonneau. Auparavant, le streaming avait été la star de 2011, se souvient Gilles Fontaine.

L'année 2012 devrait donc être davantage placée sous le signe du téléchargement direct, qui semble avoir été moins affecté par la disparition de Megaupload/Megavideo. “Il n’y avait pas que trois sites, et parmi la dizaine d’acteurs importants qui existaient l’année dernière, plusieurs ont survécu. Nous avons constaté qu’il restait des solutions de téléchargement direct”, relève Gilles Fontaine. En fait, l’étude souligne que le marché du téléchargement direct est bien plus ancien que celui du streaming, avec des sites assez importants pour prendre le relais après la disparition de Megaupload.

Survie de l'Hadopi

Cette redéfinition de l’offre de téléchargement illégal a également un impact sur l’économie du secteur. Le rapport souligne, en effet, que les sites de streaming sont bien plus rentables que ceux de téléchargement direct. Les plus gros sites de streaming ont, d’après l’Idate, généré près de 24 millions d’euros de chiffre d’affaires chacun, en 2011 en France, contre environ 12 millions pour un site de téléchargement direct.

Des estimations qui n’ont pas convaincu tout le monde. Le site Numérama, spécialisé dans les nouveaux médias, juge que l’Idate a gonflé ses chiffres pour donner des arguments à l’Hadopi, dont l’utilité a été remise en cause par François Hollande, le favori dans la course à l’élection présidentielle française. Numérama évalue, de son côté, les recettes en France des acteurs du streaming à environ 15 millions d’euros en 2011. Il arrive à cette conclusion en se fondant sur les chiffres fournis par le FBI lors de la fermeture de Megaupload.

“Numérama confond recettes et profits de Megaupload ”, conteste Gilles Fontaine qui rappelle que le FBI n’a fourni que les profits (et non le chiffre d’affaires) qui seraient bien plus élevés. Une interprétation du dossier d'accusation de l'agence de renseignement américaine avec laquelle Numérama n'est pas d'accord. Le site soutient  mordicus, dans un nouvel article publié mercredi, sa lecture du rapport financier établi par le FBI au sujet de Megaupload.

Il reste qu’au delà de la bataille des chiffres, le rapport souligne qu’en 2011 l’économie du piratage était plus florissante que celle de l’offre légale. Est-ce un argument suffisant pour justifier l'Hadopi ? “On peut le conclure, mais on peut aussi retenir de notre étude que sans loi et simplement en fermant un site, les Etats-Unis ont donné un sérieux coup d’arrêt à toute l’industrie du streaming”, conclut Gilles Fontaine.