Les rassemblements organisés dimanche à Paris par Nicolas Sarkozy et François Hollande pour compter leurs forces ont également été l'occasion, pour les deux candidats, d’exhiber leurs soutiens artistiques.
(photo principale : Jacob Desvarieux, par Mehdi Chebil)
Il y aura des "surprises" sur la place de la Concorde, avait promis le comité d’organisation du meeting de Nicolas Sarkozy du dimanche 15 avril. Entendez par là des people et des artistes venant soutenir le candidat de l’UMP et donner le change au concert organisé sur l’esplanade du château de Vincennes, en soutien à François Hollande, prévu au même moment.
Si le candidat socialiste à la présidentielle avait convoqué le leader du groupe Kassav, Jacob Desvarieux, et l'orchestre Le Bal pour chauffer la foule avec du zouk avant son entrée en scène, les festivités ont été plus sobres au meeting du président sortant. Un seul artiste est monté à la tribune : le cinéaste Claude Lelouch, qui a salué en Nicolas Sarkozy le "très grand metteur en scène dont les Français ont besoin pour les cinq prochaines années".
Le réalisateur était déjà aux côtés du candidat de l'UMP durant la campagne présidentielle de 2007. Tout comme Véronique Genest qui, par vidéo interposée, a affirmé dimanche à la foule de militants et de curieux : "Je ne suis pas une girouette, je ne change pas de capitaine ni de cap au milieu d’une tempête". Une intervention suivie d’une courte allocution d’une artiste venue de la gauche, Nadine Trintignant : la réalisatrice et écrivaine revendique le droit de changer d’avis. Dans la foule applaudissent au premier rang les soutiens artistiques classiques du candidat de l’UMP : l’écrivain Jean d’Ormesson et le chanteur Enrico Macias.
Elle semble donc loin, la campagne de 2007, quand Nicolas Sarkozy s’entourait de Johnny Hallyday, Faudel, Doc Gynéco et Jean-Marie Bigard. En 2012, les militants UMP doivent se contenter, pour toute ambiance artistique, de la musique homérique créée par Laurent Frelet, un ami de l’épouse du président, Carla Bruni.
Comme c’est le cas depuis les années Mitterrand, les artistes sont plus nombreux à se revendiquer de gauche et le meeting de Hollande, dimanche, n’a pas dérogé à cette tradition - Jacques Higelin, Sanseverino, Cali, Jane Birkin, Christophe Malavoy, Arnaud Desplechin se trouvaient au premier rang de la foule, à Vincennes.
itLes fastes de la campagne de Ségolène Royal sont pourtant rangés dans les albums souvenirs. En 2007, la candidate socialiste remplissait le stade Charléty, à Paris, avec une affiche digne d’un festival de musique. Cette année, Yannick Noah a certes chanté pour Hollande au meeting du Bourget, en janvier dernier, et un parterre de personnalités artistiques de gauche a été réuni au Cirque d’hiver, en mars, autour de François Hollande. Mais, remarquent deux militants écologistes venus écouter le candidat socialiste à Vincennes, la ferveur n’est pas la même qu’il y a cinq ans.
Le match présidentiel se jouera-t-il, in fine, sur le terrain culturel, malgré tout ? Selon une indiscrétion d’Europe 1, l’idée a été émise par l’animateur Michel Field qu’un débat qui porterait non pas sur les questions sociales, économiques et internationales mais sur les goûts de chaque candidat pour les livres, la musique, la peinture et le cinéma puisse opposer sur TF1 les deux favoris à la présidentielle entre les deux tours. Un projet d’émission qui aurait l’heur de plaire au président sortant.
Faute d’être soutenus par une pléthore d’artistes ou d’avoir l’opportunité, comme Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche, d’être adulé par une artiste en herbe qu’il n’a pas sollicitée, tous les candidats pourront au moins, lors de ce débat télévisé, se revendiquer intellectuellement des références culturelles de leur choix. Ça ne mange pas de pain.