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Les négociations entre l'Iran et les grandes puissances sont "positives", selon l'UE

Les négociations sur le nucléaire iranien ont repris, ce samedi, à Istanbul, entre Téhéran et les grandes puissances, qui s'étaient séparés sur un constat d'échec en janvier 2011. Des discussions jugées "positives" par l'Union européenne.

AFP - Les discussions entre les grandes puissances et l'Iran visant à apaiser les tensions sur le programme nucléaire iranien sont "positives", et permettent d'espérer une poursuite des négociations, indiquaient samedi des diplomates présents à Istanbul.

Ces discussions sont "positives, totalement différentes" des précédentes, qui avaient échoué il y a 15 mois dans la même ville d'Istanbul, a déclaré devant la presse Michael Mann, le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.

Mme Ashton mène la délégation du groupe des "5+1" (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Chine, Russie, France, Allemagne), engagé dans ces discussions avec l'Iran qui se poursuivaient dans la soirée de samedi.

"Les principes pour de nouvelles négociations semblent réunis", a-t-il ajouté.

Les Iraniens "se montrent disposés à parler de leur programme nucléaire, sans mettre de conditions comme ils l'avaient fait il y a 15 mois. Si cela continue dans la même direction, nous serons prêts à démarrer un cycle de négociations", a déclaré une source proche des "5+1".

Un diplomate occidental avait évoqué précédemment l'éventualité de nouvelles négociations dans un délai de "quatre ou six semaines, si possible", peut-être à Bagdad comme le souhaitent les Iraniens.

Même enthousiasme d'un autre diplomate présent aux discussions, qui a noté un "changement de ton" chez le négociateur en chef iranien Saïd Jalili.

"Il (Jalili) est entré très vite dans le sujet du programme nucléaire" et "on a vu clairement que l'Iran (...) veut s'engager dans un processus sérieux", a expliqué ce diplomate. Il a ajouté que si le principe d'une nouvelle négociation était entériné, celle-ci devrait avoir lieu dans un délai d'un mois maximum.

"L'atmosphère est constructive et les discussions sérieuses. Jusqu'à présent, les choses ne vont pas mal", a jugé le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, qui dirige la délégation russe.

Et les Etats-Unis, comme les autres pays réunis à Istanbul, ont manifesté le désir d'une rencontre bilatérale avec l'Iran, selon le porte parole européen. "Tous les pays ont exprimé le désir de tenir des bilatérales" avec l'Iran, a-t-il dit.

Une telle rencontre, qui aurait constitué une ouverture de taille sur un dossier aussi sensible, a cependant été refusée par Téhéran.

"Leur demande a été présentée à de nombreuses reprises mais l'Iran a refusé", a déclaré à l'AFP une source de la délégation iranienne.

Les pays occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Ils s'inquiètent de la capacité acquise par ce pays d'enrichir l'uranium pour une utilisation civile mais aussi éventuellement militaire.

Ils s'intéressent notamment à l'usine de Fordo, près de la ville sainte de Qom, qui produit de l'uranium enrichi à 20 % mais pourrait pousser cet enrichissement au niveau de 90 % requis pour une arme nucléaire.

"Ce que l'Iran attend du groupe des 5+1, c'est au minimum qu'il nous fasse confiance en annulant toutes les résolutions illégales (de l'ONU) et toutes les sanctions (qui visent l'Iran), en tant que première mesure", déclarait pour sa part samedi le journal iranien Kayan, proche du pouvoir.

"Si on décide d'avoir un deuxième cycle de discussions après Istanbul, ce sera positif, cela montrera que l'Iran est sérieux. Nous voulons lancer un processus de discussions sur le fond, qui est de répondre aux inquiétudes de la communauté internationale sur la nature du programme nucléaire de l'Iran", a déclaré à l'AFP un délégué des 5+1.

Téhéran a été condamné par six résolutions de l'ONU dont quatre assorties de sanctions. Celles-ci ont été renforcées depuis 2010 par un embargo commercial, financier et pétrolier des Etats-Unis et de l'Union européenne.

Les pays de l'UE ont en outre décidé d'imposer un embargo pétrolier graduel sans précédent à l'Iran, qui prendra pleinement effet au 1er juillet, et les Etats-Unis ont ouvert la voie à de nouvelles sanctions pour la fin juin visant les exportations iraniennes de brut.

L'Iran demande la levée des sanctions et considère l'enrichissement d'uranium comme un "droit" incontestable. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a annoncé jeudi que son pays ne bougerait "pas d'un iota sur ses droits nucléaires inaliénables".