Rick Santorum a annoncé qu’il se retirait de la primaire républicaine en invoquant la maladie de sa fille. Mais nombre d'observateurs voient dans cette décision un calcul politique qui pourrait lui permettre de rebondir.
Rick Santorum a pris de court les analystes politiques américains en annonçant brutalement, mardi 10 avril, son retrait de la course à l'investiture républicaine en vue de la présidentielle de novembre. Sa décision laisse le champ libre à Mitt Romney, qui a désormais toutes les chances d’être investi en août par son parti pour aller défier Barack Obama.
Lors de l’annonce de son désistement, Rick Santorum s’est bien gardé de détailler les raisons ayant motivé son choix. Il a simplement évoqué sa fille, Bella, atteinte d’une maladie génétique et qui a passé le week-end dernier à l’hôpital. Une explication qui n’a pas convaincu la plupart des éditorialistes américains.
Le spectre d’une défaite en Pennsylvanie
"Il n’avait tout simplement pas la moindre chance de remporter la nomination, assure Thomas Mann, politologue au sein du think-tank américain Brookings Institution, interrogé par USA Today. Il risquait fort de se faire balayer par Romney en Pennsylvanie."
Une primaire cruciale doit se tenir dans deux semaines en Pennsylvanie, un État dont Rick Santorum a été sénateur de 1995 à 2007. Le fortuné Mitt Romney ayant déjà commencé à bombarder les télévisions locales de spots publicitaires, l’enfant du pays voyait se profiler une douloureuse défaite sur ses terres. "S’il avait eu la moindre chance de l’emporter en Pennsylvanie, il serait resté et aurait espéré un miracle", assure ainsi Thomas Mann.
Un revers en Pennsylvanie aurait sans doute signifié la fin des ambitions présidentielles de Santorum, d’autant qu’il y a déjà essuyé un affront des électeurs en 2006, lorsqu’il briguait un troisième mandat de sénateur. Une humiliation qu’il traîne encore aujourd’hui comme un boulet et que ses adversaires à la primaire n’ont eu de cesse de lui rappeler lors de la campagne.
Trop de délégués de retard et trop peu d’argent
Indépendamment du résultat des prochaines primaires, le combat semblait de toute façon perdu d’avance pour Rick Santorum, tant son retard sur Mitt Romney est important. Selon le site RealClearPolitics, l’ancien gouverneur du Massachusetts compte aujourd’hui 656 délégués, sur les 1 144 nécessaires pour obtenir l'investiture, contre 272 à Santorum.
Des problèmes d’ordre financier handicapaient également la campagne de Santorum. Cité par le "New York Times", le stratège républicain et ancien directeur de campagne de Santorum, Vince Galko, se demande si celui-ci disposait d’assez d’argent pour continuer. Selon lui, le candidat a fini par comprendre que mettre un terme à sa campagne "était la chose la plus intelligente à faire".
Candidat en 2016 ?
Le retrait de Santorum ne devrait toutefois pas signer la fin de sa carrière politique. Il y a quelques mois encore, il était surtout connu pour être un candidat atypique, souvent moqué pour ses gilets sans manches et constamment placé en bout de table lors des débats télévisés. Aujourd’hui, c’est un homme politique respecté qui a su rassembler les évangélistes et la frange la plus conservatrice du Parti républicain.
"Il a commencé sa campagne comme un astérisque dans les sondages et il la quitte en ayant remporté trois millions de vote et 11 primaires ou caucus", rappelle Ralph Reed, un militant conservateur cité par le "Washington Post".
Santorum pourrait profiter de cette nouvelle stature pour se poser comme un candidat sérieux et expérimenté en 2016 (il sera alors âgé de 58 ans). Sa nouvelle aura lui permet également d’intégrer la liste des candidats potentiels à la vice-présidence lorsque Romney sera investi. "Je pense qu’on n’a pas fini d’entendre parler de Rick Santorum", prédit Ralph Reed.