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Sarkozy détaille son programme et multiplie les tacles contre Hollande

À moins de trois semaines de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy a présenté sa "lettre au peuple français" et les différentes mesures de son programme. En prenant bien soin de railler son adversaire socialiste, François Hollande.

C’est dans une ambiance froide que Nicolas Sarkozy a présenté son programme détaillé et chiffré, lors d’une conférence de presse dans le XVe arrondissement de Paris. Le président-candidat a toutefois pimenté son discours en distillant plusieurs attaques à l’encontre de son adversaire socialiste, François Hollande.

En marge de sa conférence de presse, Nicolas Sarkozy a fait distribuer une "lettre au peuple français" pour évoquer la philosophie de son projet, ainsi qu'un document de 15 pages regroupant 32 propositions concernant son programme présidentiel. Si nombre d’entre elles ont déjà été évoquées, le candidat de l'UMP n’a pas écarté la possibilité d’en faire de nouvelles avant le scrutin.

Le ton est alors très solennel. "J'ai voulu prendre des engagements mais j'ai d'abord voulu écouter. Je vous présente mon projet, mes valeurs, le travail, la responsabilité, l'autorité. Avec un objectif : l'équilibre de nos finances en 2016", commence Nicolas Sarkozy. Il se pose alors en rassembleur : "Je veux construire une France assez forte pour protéger les Français et réconcilier la France du oui et du non."

Le président sortant évoque également sa volonté de "solliciter par référendum" l'avis des Français, "quand ce sera nécessaire pour surmonter les blocages". Il prévoit de réduire de moitié l’immigration et de conditionner le regroupement familial à la connaissance préalable de la langue française et des valeurs de la République. Enfin, il n’exclut pas l’idée de rétablir les contrôles ciblés à ses frontières si d’ici un an l’Europe n’améliore pas ses contrôles.

"Festival de dépenses"

Durant 20 minutes, il a égrainé ses propositions. Et conclu son discours en chargeant son adversaire socialiste François Hollande, qui "propose un festival de dépenses nouvelles dont personne ne sait comment elles seront financées. Comme si le monde, l'Europe, la crise n'existaient pas." Nicolas Sarkozy a ensuite taclé les propositions du candidat socialiste une à une. "Et la réforme des retraites, on n'en veut plus. Et des allocations sociales, il n'y en a pas assez. Et des fonctionnaires, il n'y en a pas assez", a-t-il ironisé.

Selon un sondage CSA daté de ce jeudi 5 avril, Nicolas Sarkozy est stable avec 30 % des intentions de vote au premier tour de la présidentielle, mais l'écart avec François Hollande se resserre, le candidat socialiste gagnant 3 points à 29 %. Au second tour, le candidat socialiste l'emporte largement face à Nicolas Sarkozy avec 54 % contre 46 %.

Lors de la séance de questions-réponses, les attaques à l’encontre du candidat socialiste ont continué. En cas d'élection de François Hollande, "il faudra deux jours pour mettre à terre cinq années de réformes. La sanction sera immédiate", a asséné Nicolas Sarkozy.

Sarkozy inspiré par Mitterrand

Le candidat de la "France forte" a également attaqué son rival sur l’agenda détaillé de sa première année de mandat présenté cette semaine, et particulièrement les 100 premiers jours du prochain quinquennat. "Je suis toujours stupéfait qu'un candidat vienne et dise : ‘Voilà ce que je fais la première année. Ah bon ! Et la seconde ? C'est la pochette surprise ? Est-ce qu'on doit considérer que c'est bon signe ou mauvais signe ? s'est-il interrogé. Moi, à la place des Français, je me dirais : 'mais pourquoi il est si bavard sur la première année et si silencieux sur la seconde? Qu'est-ce que ça nous cache?' [...] En vérité, il a surtout dit ce qu'il ferait avant les législatives", a poursuivi le président-candidat.

L'actuel locataire de l'Élysée a également réagi au sujet de sa "lettre au peuple français", en reconnaissant s'inspirer de "la lettre à tous les Français" écrite par François Mitterrand en 1988 avant sa réélection. "Entre le document militant, moins délié, et le livre, forcément convenu, un peu bâclé, j’ai pensé qu’une lettre, elle est moins longue, c’était de l’écrit, ça m’engageait, voilà pourquoi je l’ai fait", a-t-il noté en faisant à nouveau allusion au livre programme du candidat socialiste "Changer de destin".

"Un président doit s'ouvrir"

Interrogé sur la possibilité de nommer un Premier ministre issu des rangs du Modem, Nicolas Sarkozy a dénoncé les nominations avant l’heure du côté socialiste. "Il n'y a rien qui exaspère plus le peuple français que de donner le sentiment qu'on se répartit les postes avant qu'eux aient choisi, et que tel ou tel considère que c'est déjà joué", a déclaré le président. "Écoutez, la scène où Madame [Ségolène] Royal est déjà présidente de l'Assemblée nationale - elle nous l'a dit -, Monsieur [Laurent] Fabius est déjà ministre des Affaires étrangères, Monsieur Hollande est déjà président, Monsieur [Michel] Sapin est déjà déçu, Monsieur [Pierre] Moscovici est toujours dans le rêve, c'est grotesque", a-t-il lâché.

Nicolas Sarkozy s'est en revanche montré moins dur envers le candidat centriste François Bayrou à qui il a tendu une main : "Mais le président et le Premier ministre ne doivent pas forcément être de la même couleur politique. Est-ce que le rôle du président n'est pas de rassembler ? La réponse est oui ! Un président doit s'ouvrir."