Nouveau scandale au royaume médiatique de Rupert Murdoch. Cette fois-ci, c'est la chaîne britannique Sky News, liée au groupe, qui a admis avoir autorisé ses journalistes à pirater les boîtes mails de personnes "soupçonnées d'escroquerie".
AFP - La chaîne britannique de télévision Sky News, liée au groupe Murdoch, a admis jeudi avoir "autorisé" à deux reprises et "dans l'intérêt du public" le piratage de courriels, dans le cadre d'une enquête sur une célèbre affaire d'escroquerie remontant à 2008.
Dans un communiqué, la chaîne a reconnu avoir "autorisé un journaliste à accéder à la boîte mail d'individus soupçonnés d'activités illégales". "Ces actions étaient justifiées sur le plan éditorial et dans l'intérêt du public", a-t-elle assuré.
L'affaire évoquée par Sky News date de 2008, lorsqu'un couple avait mis en scène la mort du mari dans un accident de canoë-kayak afin de toucher l'assurance-vie. La chaîne assure avoir transmis à la police des courriels piratés ayant joué un rôle "essentiel" pour aider la police à prouver la culpabilité de John et Anne Darwin.
Interrogée sur l'importance de ces courriels, une porte-parole de la police a simplement expliqué qu'ils "faisaient partie des preuves présentées" devant la justice dans le cadre de cette affaire d'escroquerie.
Sky News est une chaîne du bouquet satellitaire BSkyB dont le premier actionnaire est News Corp., le groupe qui chapeaute l'empire de Rupert Murdoch. Celui-ci est ébranlé depuis l'été dernier par l'affaire des écoutes pratiquées par son ex-tabloïde britannique News of the World (NotW).
James Murdoch, le fils du magnat des médias, présenté un temps comme son successeur, a démissionné mardi de la présidence de BSkyB en assurant qu'il voulait éviter que la compagnie ne soit éclaboussée par le scandale.
Conscient de "l'intérêt accru sur les pratiques éditoriales", Sky News a en outre assuré avoir commandé une étude "externe des archives de courriels" et un audit des paiements effectués par ses journalistes, dans une allusion à d'éventuels cas de corruption.
Elle affirme que l'étude des courriels, qui touche à sa fin, n'a pas "montré matière à inquiétude". "Si des irrégularités étaient trouvées, nous lancerions immédiatement une enquête", ajoute le communiqué.
Rupert Murdoch tente d'éviter que le scandale NotW, qui s'est doublé d'une affaire de corruption de fonctionnaires par des journalistes de son quotidien The Sun en échange d'informations, ne s'étende à l'ensemble de son groupe.
Selon la police, NotW a fait écouter 800 personnes dans les années 2000, personnalités, membres de la famille royale ou citoyens au coeur de l'actualité. Le tabloïde a été contraint à la fermeture en juillet à cause du scandale qui a, en outre, obligé le groupe Murdoch à indemniser plus d'une cinquantaine de victimes.