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Les trois veuves saoudiennes et yéménite d'Oussama Ben Laden ont été condamnées par la justice pakistanaise à 45 jours de prison pour séjour illégal. Elles seront ensuite expulsées avec leurs enfants vers leur pays respectif.

AFP - La justice pakistanaise a condamné lundi les trois veuves saoudiennes et yéménite d'Oussama Ben Laden à 45 jours de prison pour séjour illégal puis à être expulsées dans leurs pays avec leurs enfants, onze mois après le raid américain fatal au chef d'Al-Qaïda dans le nord.

Leur détention prolongée et longtemps sans motif a nourri les interrogations sur l'attitude des autorités pakistanaises, soupçonnées de vouloir dissimuler des informations sur les dernières années de Ben Laden, et notamment comment il a pu vivre tant d'années dans le pays sans être inquiété.

Les cinq accusées --  les trois dernières épouses de Ben Laden et deux de leurs filles âgées de plus de 12 ans, l'âge de responsabilité au Pakistan -- devraient sortir de prison, et donc potentiellement être expulsées, d'ici à deux semaines, a précisé leur avocat, Muhammad Aamir, aux nombreux journalistes massés devant la maison d'Islamabad cernée par les policiers où a eu lieu l'audience.

C'est dans cette grande bâtisse de deux étages que les trois veuves du chef d'Al-Qaïda et un nombre indéterminé de leurs enfants et petits-enfants sont confinés depuis plusieurs mois en résidence surveillée et à l'abri des regards.

A l'issue de trois heures d'audience, le juge a infligé à chacune des cinq accusées une peine de prison d'un mois et demi et une amende de 10.000 roupies (82 euros), a déclaré Zakarya Ahmad Abdulfattah, frère de la plus jeune des épouses de Ben Laden, la Yéménite Amal Abdulfattah, 30 ans. Les deux autres veuves condamnées sont les Saoudiennes Khairiah Sabar et Siham Sabar.

Les accusées, qui encouraient jusqu'à cinq ans de prison, purgeront le reste de leur peine dans la même maison d'Islamabad.

Le tribunal a également demandé au gouvernement de préparer les documents nécessaires au rapatriement dans leur pays des veuves et de leurs enfants "le plus vite possible", a ajouté Zakarya Abdulfattah.

Après avoir tué le chef d'Al-Qaïda, ses deux gardes et un de ses fils, les Américains avaient emmené son corps, laissant au Pakistanais le soin de décider du sort de ses trois femmes et des enfants et petits-enfants trouvés sur place.

Onze mois après, la famille n'a fait aucune apparition publique et ne pouvait même plus, ces derniers temps, recevoir la visite de ses proches, au grand dam de ces derniers qui dénonçaient une détention illégale.

Leur mise au secret et l'incertitude qui prévalait sur leur sort ont nourri les soupçons à l'égard des autorités pakistanaises et notamment de l'armée, régulièrement accusée de collusion avec des mouvements islamistes, et en l'espèce d'avoir fermé les yeux sur la présence de Ben Laden dans le pays.

D'après un rapport de police citant Amal, la seule qui ait vraiment coopéré lors de ses interrogatoires selon des sources de sécurité pakistanaises, la famille Ben Laden, qui vivait en Afghanistan avant les attentats du 11 septembre, avait été séparée après l'intervention occidentale de la fin 2001 qui a chassé du pouvoir les protecteurs talibans du chef d'Al-Qaïda.

Selon la même source, ce dernier a retrouvé ses femmes et enfants après l'été 2002 à Peshawar, la principale ville du Nord-Oouest du Pakistan voisin.

Ils sont restés dans la région entre 2002 et 2005: environ neuf mois à Swat puis près de deux ans à Haripur, à une heure et demie de route d'Islamabad, la capitale. En 2005, ils s'installent plus au nord, à Abbottabad, où ils seront finalement débusqués par les Américains.

Pendant cette fuite, Amal, qui avait déjà eu un enfant de Ben Laden avant la fin 2001, en a eu quatre autres, deux à Haripur, en 2003 et 2004, et deux autres à Abbottabad en 2006 et 2008. Détail troublant, les deux premiers sont nés dans un hôpital public de Haripur, où Amal dit n'être restée à chaque fois que "deux ou trois heures", le temps d'accoucher.

Lors du raid d'Abbottabad, Amal a été blessée par balles en voulant protéger son mari, selon les Américains. Depuis, son frère Zakarya dénonçait la détention "illégale" de sa soeur et de ses enfants et ses graves séquelles sur leur santé déjà précaire.