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Un sous-traitant chinois d'Apple exploite ses employés

Foxconn, le principal sous-traitant d'Apple, a fait l'objet d'une enquête révélant de graves atteintes au droit du travail. Des problèmes de rémunération et des heures supplémentaires excessives, entre autres infractions, ont été relevés.

Elle a vu, elle a constaté et elle a condamné. La Fair labor association (FLA), une ONG spécialisée dans le droit du travail, a rendu jeudi 29 mars son rapport sur les conditions de travail dans trois giga-usines chinoises où près de 200 000 ouvriers assemblent les iPad, iPhone et autres iPod. Cette organisation, dont l'enquête d'un mois a été effectuée sur demande d'Apple, a relevé plus de 50 infractions à ses règles et au droit du travail chinois.
Les conclusions de la FLA étaient très attendues, tant Foxconn, le principal sous-traitant chinois d'Apple, est régulièrement mis en cause pour la manière dont sont traités les 1,5 million d'employés qui travaillent dans ses usines. L'ONG a pu s'entretenir avec plus de 1 000 ouvriers individuellement et a fait remplir un questionnaire sur leurs conditions de travail à plus de 30 000 salariés.
Les inspecteurs de l'ONG confirment qu'il ne fait pas bon se retrouver à assembler les produits Apple -  mais aussi de marques comme DELL ou HP - qui se vendent ensuite comme des petits pains en Occident. La limite de 49 heures hebdomadaires fixée par la loi chinoise n'est que rarement respectée sur les trois sites inspecté s. Il arrive même aux ouvriers de Foxconn de dépasser les 60 heures travaillées par semaine qui sont considérées comme le maximum acceptable par la FLA. "Entre novembre et décembre 2011 [période d'assemblage des nouveaux iPad dévoilé début mars ndlr], 46% des salariés ont travaillé plus de 70 heures par semaine", constate le rapport. Plus d'un employés sur dix a également confié aux inspecteurs avoir déjà travaillé 11 jours d'affilée.
Embauches à gogo
Mais ce ne sont pas les cadences dont se plaignent les ouvriers. "Plus de la moitié d'entre eux assurent être prêts à travailler davantage pour gagner plus", reconnaît la FLA dans son rapport. "Ils estiment tous n'être pas payé à hauteur de leur travail", ajoute l'ONG. La rémunération varie, selon le site et le poste, entre 269 euros et 340 euros par mois ce qui est supérieur au salaire minimum dans les régions où sont implantées les usines de Foxconn visitées. Mais dans la plupart des cas, les heures supplémentaires, qui sont monnaie courante, ne sont pas payées.
La FLA dénonce également le recours systématique aux populations les plus fragiles. Ainsi, dans deux des trois complexes industriels visités, 99% des ouvriers étaient des immigrés dont une partie n'avait pas la carte de résident leur permettant de bénéficier du minimum des droits sociaux garantis par la loi chinoise comme l'indemnisation pour les arrêts-maladie. Environ 5% des salariés ont en outre moins de 18 ans a, par ailleurs, constaté la FLA.
Face à ce rapport qui critique ses méthodes de travail, Foxconn a assuré qu'il allait prendre plusieurs mesures. Le géant chinois "s'est engagé à embaucher plusieurs dizaines de milliers de salariés afin de pouvoir mettre en place des rythmes de travail acceptables sans perte de productivité", assure la FLA. Apple, de son côté, a assuré qu'il allait militer pour des augmentations de salaires des ouvriers de Foxconn.
Des promesses qui n'ont pas rassuré certaines organisations de défense des droits de travailleurs. "Cela fait 5 ans que Foxconn et Apple parlent d'améliorations des conditions de travail, mais on est encore loin des standards que nous trouvons acceptables", a regretté un porte-parole de SumOfUS.org, une organisation internationale de protection des droits des travailleurs et des consommateurs, vendredi sur l'antenne de la BBC.