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Nicolas Sarkozy demande aux médias de ne pas diffuser les vidéos de Merah

Le chef de l'État français a demandé aux chaînes de télévision qui, à l'instar d'Al-Jazeera, auraient reçu les images tournées par Mohamed Merah lors des tueries de Toulouse et de Montauban, de ne les diffuser "sous aucun prétexte".

AFP - Les familles des victimes, Nicolas Sarkozy et le CSA ont exhorté mardi les médias à ne pas diffuser la vidéo des assassinats de Mohamed Merah reçue par la chaîne Al Jazeera, à l'heure où Paris s'indignait de la menace de plainte du père du jihadiste.

Le père du tueur au scooter a déclaré lundi soir à l'AFP qu'il allait porter plainte contre la France "pour avoir tué" son fils.

Selon des sources policières, Merah ne serait pas l'expéditeur de la vidéo.

Selon des sources policières, Mohamed Merah, l'auteur des tueries de Toulouse et Montauban, ne serait pas l'expéditeur de la vidéo à la chaîne al-Jazeera, rapporte l'AFP.

De leur côté, les enquêteurs étudient la piste d'un "troisième homme" impliqué dans le vol du scooter, et ont écarté la possibilité que Mohamed Merah ait pu lui-même poster une enveloppe contenant la vidéo.

Filmées par Mohamed Merah grâce à une mini caméra sanglée sur lui, les vidéos des assassinats, montées et "stockées sur une clé USB", était contenues dans une enveloppe postée mercredi et envoyée au bureau parisien d'Al Jazeera.

"Je demande aux responsables de toutes les chaînes de ne les diffuser sous aucun prétexte, par respect pour les victimes et par respect pour la République", a déclaré Nicolas Sarkozy, évoquant des "images ignobles". Le candidat socialiste François Hollande a estimé pour sa part qu'une diffusion des images par Al-Jazeera serait "extrêmement grave".

Les familles des quatre personnes assassinées le 19 mars dans le collège-lycée juif de Toulouse Ozar Hatorah ont également appelé les médias à ne pas diffuser la vidéo des tueries reçue par Al Jazeera.

"Les familles appellent tous les médias à ne pas diffuser la vidéo et à respecter leur douleur et leur deuil", a déclaré leur avocat, Me Klugman. "Il n'est pas humainement possible de laisser Mohamed Merah narguer de manière post mortem ceux qu'il a assassinés et de laisser le spectacle de son crime prospérer", a-t-il dit à l'AFP.

Latifa Ibn Ziaten, 52 ans, mère d'un des trois soldats tués par le jihadiste, a aussi supplié les médias de ne pas montrer ces images. "C'est mon fils qui est mort, un enfant de 30 ans. Et on veut le montrer comme si c'était un film. S'il vous plaît, je ne veux pas voir ça", a-t-elle déclaré en larmes à l'AFP.

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) s'est joint aux appels pour que ces vidéos ne soient pas diffusées.

"Cris des victimes"

"On n'est pas une chaîne de sensationnel, on ne cherche pas à diffuser des images sans mesurer les risques et les conséquences, et c'est pour cela que la direction va décider aujourd'hui lors d'un meeting au siège au Qatar de la diffusion de cette vidéo ou pas", a expliqué sur BFM TV le chef du bureau de Paris d'Al Jazeera, Zied Tarrouche.

"On voit toutes les attaques perpétrées à Toulouse et à Montauban dans l'ordre chronologique (...). Il y a eu un mixage de musiques et de chants religieux, des lectures, des récitals de versets coraniques", a détaillé Zied Tarrouche, précisant qu'on entend "les cris des victimes".

Parallèlement, Nicolas Sarkozy s'est insurgé devant les propos du père de Mohamed Merah, Mohamed Benalel Merah, qui menace la France d'une plainte "pour avoir tué" son fils.

"C'est avec indignation que j'ai appris que le père de l'assassin de sept personnes (...) voulait porter plainte contre la France pour la mort de son fils", a déclaré M. Sarkozy. "Je veux rappeler à cet homme que son fils avait filmé ses crimes et pris le soin diabolique de faire parvenir ses images ignobles à une chaîne de télévision", a-t-il poursuivi.

"Si j'étais le père d'un tel monstre, je me tairais dans la honte", a jugé le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé.

De leur côté, les enquêteurs recherchent qui a pu poster le courrier contenant la vidéo mercredi dernier mais, selon les tout premiers éléments de l'enquête, ce "ne peut être Mohamed Merah", selon une source policière.

Ils ont localisé le lieu où a été posté ce courrier qui contient une lettre de revendication manuscrite de la main de Mohamed Merah, a précisé la source, et a été envoyé "en dehors de Toulouse".

Sur le plan de l'enquête, la police cherche à identifier un éventuel "troisième homme" qui aurait pu prendre part avec les frères Merah au vol du scooter utilisé lors des tueries de Toulouse et Montauban, selon des sources proches de l'enquête.

Les enquêteurs continuent de privilégier la thèse d'un acte isolé de Mohamed Merah avec éventuellement la complicité de son entourage proche, en particulier son frère Abdelkader Merah, soupçonné d'avoir été présent lors du vol, qui a été mis en examen et écroué.

La famille du tueur, partagée sur le lieu de son inhumation, a par ailleurs décidé de demander le transfert de son corps en Algérie en respect du voeu de sa mère, selon un responsable du Conseil français du culte musulman (CFCM).