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Carnet de bord #3 : sur mon balcon

à bord du Floréal, dans l'océan Indien – Suivez le carnet de bord de Marie-Sophie Joubert, notre envoyée spéciale à bord de la frégate française Le Floréal, qui navigue au large de la Somalie pour décourager les pirates.

Ils sont six. Six points rouges un peu plus vifs à chaque rafale de vent. Sur le pont supérieur du bateau, les fumeurs se retrouvent, malgré la nuit totalement noire.

Pour seul éclairage, le blanc éclatant des étoiles qui zèbrent littéralement le ciel. Nous sommes au milieu de l’océan Indien, il est 22 heures et il y a environ 32° au thermomètre. La mer est calme et le roulis paisible.

Cuisine, bas d’immeuble, balcon d’appartement ou pont d’un bateau, les coins fumeurs sont tous les mêmes. Les gens papotent, plaisantent. Les conversations ressembleraient presque à des confidences. On resterait bien là toute la nuit.

Progressivement pourtant, l’œil s’acclimate. À peine plus. À gauche, une mitrailleuse protégée par des sacs de sable. À droite aussi. Pas grand-chose à voir avec mon bas d’immeuble...

Les silhouettes se dessinent maintenant. Parmi elles, deux membres de l’équipe de protection embarquée (EPE), des militaires de combat. Plus de doutes, nous ne sommes pas dans ma cuisine – dommage !

Nous sommes embarqués avec 107 pro de la chasse aux pirates somaliens sur une frégate armée, entre autres, d’un hélicoptère, de missiles et de canons.

Au loin, trois points lumineux, signature nocturne du Victoria, le bateau du Programme alimentaire mondial, que notre frégate, le Floréal, doit mener à bon port – Mogadiscio. Une preuve de plus que, décidemment, on n’est pas sur mon balcon.