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L'armée régulière syrienne prend le contrôle total de Baba Amr

L'armée syrienne a pris le contrôle total du quartier de Baba Amr après trois semaines de pilonnage. Une chute qui intervient alors que des informations faisaient état du déploiement à Homs de la 4e brigade de Maher al-Assad.

L'armée régulière syrienne a pris le contrôle jeudi 1er mars de l'intégralité du quartier de Baba Amr, bastion de l’opposition syrienne dans la ville de Homs, a affirmé une source au sein des services de sécurité à Damas, cité par l’AFP. "L'armée contrôle la totalité de Baba Amr, les dernières poches de résistance sont toutes tombées", a affirmé cette source. De son côté, le chef de l'Armée syrienne libre (ASL), le colonel Riad Assaad, a évoqué un retrait "tactique" de ses combattants du quartier "par souci pour les vies des civils restants".  

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L'armée régulière syrienne prend le contrôle total de Baba Amr

L’étau s’était sensiblement resserré sur le quartier de Baba Amr après deux jours d’affrontements entre l’ALS et l’armée régulière. Cette dernière avait lancé un assaut terrestre mercredi 29 février pour venir à bout de cette poche de résistance. Jusqu’ici, les forces du régime du président Bachar al-Assad se contentaient d’assiéger et de bombarder sans relâche depuis trois semaines ce quartier populaire, devenu symbole de la contestation.

"Brigade de tueurs"
La chute de Baba Amr fait suite à des informations en provenance du terrain qui faisaient état du déploiement dans la ville de Homs de chars et de soldats appartenant à la 4e brigade mécanisée de l’armée, l’unité d'élite placée sous les ordres de Maher al-Assad. Fidèle au régime - selon plusieurs sources, près de 85% de ses membres sont alaouites à l’instar du président syrien -, la brigade commandée par le frère de Bachar al-Assad est considérée comme le fer de lance de la répression qui a déjà fait plus de 7 500 morts, selon des chiffres dévoilés par Lynn Pascoe, secrétaire général adjoint de l'ONU pour les affaires politiques.
L’ancien brigadier général de l’armée syrienne Akil Hachem estime que l’ASL ne pouvait pas tenir longtemps face aux assauts de la 4e brigade, faute de matériel et d’armement lourd. "Cette brigade de tueurs est très expérimentée et très bien entraînée, explique à FRANCE 24 le haut gradé exilé en France. Ils sont commandés par des officiers de carrière et disposent du meilleur armement disponible en Syrie, ce qui rend sa supériorité sur le terrain incontestable."
 
L'opposition syrienne crée un conseil militaire unifié

L'opposition syrienne a formé un conseil militaire chargé d'organiser et de coordonner la rébellion armée à l'intérieur du pays sous un commandement unifié, a indiqué ce jeudi Bourhan Ghalioun, chef du Conseil national syrien (CNS).

"La création d'un conseil militaire a été entérinée par toutes les forces armées en Syrie", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Paris.

"Ce sera comme un ministère de la Défense", a-t-il ajouté.

Même s’il n'y a pas de confirmation officielle de la part des autorités syriennes du déploiement de cette unité à Homs, les témoignages sur sa présence s’étaient accumulés ces derniers jours. Hamza al-Omar, membre de la Commission générale de la révolution syrienne, a affirmé
sur l’antenne de FRANCE 24 que des renforts de cette brigade étaient bel et bien arrivés à Homs. "Nous avons pu les identifier d’après des signes distinctifs visibles sur les blindés et nous avons des éléments au sein même de l’armée régulière qui nous ont informé en amont de l’arrivée de ces renforts", a-t-il précisé. Un autre militant de l’opposition contacté par FRANCE 24, Mohammad al-Homsi, confirme lui aussi l’arrivée de renforts appartenant à cette troupe d’élite.
Massacres
"La 4e division, réputée pour sa brutalité et symbole de la force de frappe du régime, vient finir le travail entamé depuis plusieurs semaines par l’armée régulière", souligne Khattar Abou Diab, politologue spécialiste du monde arabe et professeur à l'université Paris-XI, interrogé par FRANCE 24.
Au début de la révolution, la 4e brigade mécanisée était dépêchée pour mater les foyers successifs du soulèvement jusqu’à ce que la mobilisation des contestataires se généralise. "Ne pouvant se déployer sur tous les fronts, elle a été divisée en plusieurs sections afin de superviser et de diriger les différentes opérations de répression", poursuit Akil Hachem.
Mais ce n’est pas tout. Cette force inspire une crainte jusque dans les propres rangs de l’armée régulière syrienne. "Les autres soldats syriens se méfient et craignent ces éléments, car ils n’ignorent pas leur passé funeste et l’ampleur des massacres qu’ils ont commis en Syrie et au Liban", précise Akil Hachem. Cette crainte empêcherait, selon lui, les défections de militaires qui se savent sous haute surveillance.