Le film "The Artist", signé Michel Hazanavicius, a été célébré lors de la cérémonie des César. Six trophées lui ont été attribués, dont celui du meilleur film. Le César du meilleur acteur est revenu à Omar Sy pour "Intouchables".
AFP - Avec six trophées dont celui de Meilleur film et Meilleur réalisateur, les plus convoités, "The Artist" a poursuivi vendredi sa marche triomphale à la veille des Oscars, ne concédant à "Intouchables" qu'un seul trophée, celui du meilleur acteur à Omar Sy, premier interprète noir consacré.
Toute l'équipe du film est montée en scène autour de Michel Hazanavicius, l'heureux auteur de 44 ans, qui a rappelé le singulier destin de cet ovni cinématographique, muet, en noir et blanc.
"C'est un film qui part de très, très bas et dont personne ne voulait au départ et on est très haut aujourd'hui, ça fait une très belle histoire, c'est très émouvant", a lâché Michel Hazanavicius, également César du meilleur réalisateur, au côté de son producteur Thomas Langmann.
"The Artist" repart également avec les César de Meilleure actrice pour Bérénice Bejo, très émue, meilleure musique (Ludovic Bource), meilleurs décors et photo, était nommé dix fois aux césars, comme aux Oscar.
En revanche le trophée du Meilleur acteur a échappé à Jean Dujardin pour couronner Omar Sy, grand favori de la soirée qui a esquissé quelques pas de danse en montant sur scène: "Je voulais faire des vannes mais je n'y arriverai pas", a-t-il lancé la voix nouée en recevant son prix, remerciant avec émotion ses deux metteurs en scène, Olivier Nakache et Eric Toledano.
A 34 ans, le môme de Trappes, acclamé en salles par 19 millions de spectateurs, décroche sa première récompense et devient le premier acteur noir ainsi césarisé.
"Intouchables", qui emporte l'adhésion même hors des frontières hexagonales, n'a donc arraché qu'un seul prix alors qu'il était cité dans dix catégories.
Déception pour Polisse
Autre déçue sans doute de cette soirée, Maïwenn, réalisatrice de "Polisse" qui faisait la course en tête avec 13 nominations et repart avec deux Césars, du montage et du meilleur espoir féminin pour Naidra Ayadi, ex-aequo avec Clotilde Hesmes, dans "Angèle et Tony".
Bouleversée néanmoins, Maïwenn, cheveux lâchés et lèvres carmin, assise à côté de son producteur Alain Attal, a fondu en larmes en écoutant l'hommage de sa monteuse, Laure Gardette.
Déception aussi pour Valérie Donzelli, scénariste, réalisatrice, comédienne de "La Guerre est déclarée", le plus petit budget de la soirée qui avait reçu un formidable accueil des critiques et du public.
Autre grand favori de la soirée, quoique moins populaire, le film de Pierre Schoeller, "L'Exercice de l'Etat", 11 fois nommé, a remporté trois César du son, du scénario original et du second rôle, couronnant enfin, à 60 ans, Michel Blanc.
L'acteur, huit fois nommé et jamais primé, incarne un chef de cabinet austère et irréprochable au sein du ministère des Transports: le "type de rôle dont je rêvais" a-t-il assuré, constatant après ses débuts comiques: "Il ne faut pas se contenter de ce qui a marché car on devient lassant et votre carrière s'arrête".
Autres prix notables, "Le Chat du rabbin" pour l'animation et "le Cochon de Gaza" pour le premier film ont été récompensés au cours de la cérémonie présidée par Guillaume Canet.
En ouvrant les festivités, l'acteur a insisté sur la saison exceptionnelle que couronnait cette édition en rappelant les 215 millions de spectateurs, "malgré le téléchargement" et la grande diversité de la sélection: "cinéma d'auteur, comédies, films d'époque, social, politique".
Rompu à l'exercice de maître de cérémonie et particulièrement en forme pour sa 8e soirée en scène, Antoine de Caunes a fait rire la salle aux éclats en célébrant "un géant du cinéma disparu"... citant le site de téléchargement MegaUpload, récemment interdit par les autorités américaines.
Entré en scène en dansant avec Joey Starr (candidat malheureux au meilleur second rôle dans "Polisse"), il a souligné la diversité des thématiques traitées sur grand écran: "pédophilie, film muet sur un acteur au chômage, crise, handicapés, bref l'industrie du rêve..."