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Les Yéménites élisaient leur nouveau président mardi dans un contexte de violences à Aden, dans le sud du pays. À Sanaa, dans le nord, le scrutin s'est déroulé sans incident. Abd Rabbo Mansour Hadi, l'unique candidat, est assuré d'être élu.

AFP - Les Yéménites ont voté mardi pour tourner la page du président contesté Ali Abdallah Saleh, lors d'une présidentielle, émaillée dans le Sud de violences qui ont fait neuf morts et boycottée dans le Nord.

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"La participation a été très forte à Sanaa et dans différentes villes du pays"
Les Yéménites élisent le successeur du président Saleh dans un climat mitigé

Plus de 12 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour ce scrutin rendu possible par un accord permettant à M. Saleh de quitter le pouvoir en échange d'une immunité pour lui et pour les siens. Cet accord fait du Yémen le premier pays arabe où un soulèvement aboutit à une solution négociée.

A Sanaa, le scrutin s'est déroulé sans incident majeur, les électeurs ayant afflué en nombre jusqu'à la clôture des bureaux de vote en début de soirée.

"C'est la première fois que je vote. C'est un devoir national pour bâtir un nouveau Yémen où la femme aura une meilleure place", a déclaré à l'AFP Mounira Radaï, une jeune de 19 ans qui s'est pressée au dernier moment, comme d'autres femmes voilées, dans un bureau de vote du quartier Attahrir à Sanaa.

Avant même l'ouverture des bureaux à Sanaa 08H00 locales (05H00 GMT), des files séparées d'électeurs, hommes et femmes, se sont formées, même si le scrutin est purement symbolique puisque le vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi est l'unique candidat.

"Ce jour marque la chute véritable d'Ali Abdallah Saleh" qui a gouverné le Yémen pendant 33 ans, a estimé Abdallah Ahmad Ali, 25 ans.

"C'est une victoire pour les jeunes Yéménites", a ajouté cet étudiant alors que les électeurs se bousculaient devant le bureau de vote proche de l'Université de Sanaa, à proximité du campement installé depuis un an par les contestataires réclamant le départ de M. Saleh.

"Nous avons été surpris par la grande affluence des femmes", a affirmé à l'AFP la directrice du bureau de vote réservé aux femmes, Abir al-Afifi.

En votant dans ce même bureau, Tawakkol Karman, prix Nobel de la Paix, a qualifié cette journée de "jour de fête pour les Yéménites car c'est celui du départ de Saleh et de la fin du despotisme et de l'oppression".

Le futur président a pour sa part affirmé que son élection ouvrait "un nouveau chapitre" pour le pays. M. Hadi a voté sous les applaudissements à Sanaa, au milieu d'un important dispositif de sécurité de crainte d'un attentat, selon son entourage.

L'affluence était également forte dans d'autres villes, notamment à Taëz, au sud-est de Sanaa, qui a été en pointe du mouvement de contestation contre M. Saleh.

Vote perturbé à Aden

En milieu de journée à Aden, grande ville du Sud, "la moitié des bureaux de vote ont été fermés après avoir été envahis par des hommes armés du Mouvement sudiste", a déclaré à l'AFP un responsable gouvernemental.

Les autres bureaux d'Aden ont fermé prématurément "pour prévenir d'éventuels affrontements avec des partisans du Mouvement sudiste", a déclaré à l'AFP un responsable des services de sécurité.

Le Mouvement sudiste qui réclame l'autonomie a appelé au boycottage du scrutin et son aile dure, qui prône l'indépendance du Sud, un Etat indépendant jusqu'en 990, a proclamé mardi journée de "désobéissance civile" -- mais ses chefs affirment ne pas recourir à la violence.

Toujours à Aden, quatre civils dont un enfant de 10 ans, deux militaires dont un officier, et un policier ont été tués lors d'échanges de tirs entre forces de l'ordre et séparatistes qui ont attaqué des bureaux de vote, incendiant des urnes et des bulletins de vote, selon un nouveau bilan de source de sécurité.

Des militants du Mouvement sudiste ont également bloqué des rues à l'aide de pierres et de pneus enflammés, pour empêcher l'accès aux bureaux de vote alors que des tirs nourris résonnaient dans la ville.

Un soldat a été tué à Moukalla, capitale du Hadramout (sud-est), et un manifestant a péri à Lahaj (sud) dans des conditions similaires.

Les habitants des localités contrôlées par des éléments présumés d'Al-Qaïda, comme Zinjibar, capitale de la province d'Abyane, n'ont pas participé au vote pour des raisons de sécurité, selon des sources locales.

Dans les enclaves du Nord contrôlées par la rébellion zaïdite --une branche du chiisme-- qui a appelé au boycottage, un seul bureau de vote a été ouvert, selon des responsables locaux.