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Les Basques davantage préoccupés par la crise que par le terrorisme

Les élections régionales au Pays basque espagnol sont - et c'est une première - dominées par les enjeux de la crise économique qui frappe aussi cette région prospère, qui est d'ailleurs l'une des plus riches du pays.

Le président de la région basque, candidat du PNV (indépendantiste modéré) à sa propre succession, a choisi le village de Mondragon pour un discours sur le développement durable. L’occasion constitue, comme chaque jour dans cette campagne électorale, un prétexte pour évoquer la crise.

"Le développement durable est un grand espace en termes d’opportunités économiques et de créations d’emploi pour sortir de la crise, s’exclame Juan José Ibarretxe. Nous voulons que 20 000 personnes travaillent dans ce secteur."

La région est l’une des plus riches d’Espagne. Pourtant, la crise est devenue la première préoccupation de ses habitants, devant le terrorisme : une situation inédite dans l’histoire régionale.

Irun, ville frontalière avec la France, vit surtout du commerce. Ici, la baisse de la consommation se fait sentir. Les commerçants ont même décidé d’accepter, de nouveau, les pesetas ainsi que les francs.

"Nous revenons à une consommation austère, où l'on réclame de la qualité et où le prix tient une grande importance", explique Tomas Maetzu, président de l’Association des commerçants d’Irun.

Andoni Fernandez, commerçant, ajoute : "Les clients cassent leurs vieilles tirelires. Souvent, ils ne disposent pas du montant total de leur achat. Mais ça les arrange. Ils payent un peu moins que prévu, parce que vraiment, cet argent, ils ne comptaient pas dessus."

Dans la région industrielle de Lasarte, le taux de chômage a augmenté de 45 % en 2008, pour s'établir à un taux supérieur à 8 % de la population active. Mais les chiffres masquent une partie de la réalité basque.

Dans l’usine Michelin, beaucoup d’ouvriers ne sont pas encore au chômage, mais mis en congés prolongés, faute de commandes.

"L’année dernière, nous avons déjà perdu 700 emplois, constate Nicolas Garcia, délégué du syndicat UGT chez Michelin. On est en campagne, tous les candidats promettent beaucoup. Mais je ne vois pas très bien comment on peut trouver des solutions au niveau régional."

Les candidats ont beau faire des propositions pour relancer l’économie locale, le fatalisme des électeurs risque de faire grimper le taux d’abstention.

Ces élections, les premières en Espagne depuis le début de la récession de la fin de l'année 2008, permettront aussi de jauger la confiance accordée au gouvernement Zapatero pour juguler la crise.