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Réélection attendue du président sortant au Turkménistan

Le président turkmène Gourbangouly Berdymoukhamedov devrait être réélu sans surprise, ce dimanche, à l'issue d'une élection où "l’opposition" était représentée par des partisans du chef de l’État.

AFP - Les Turkmènes se sont rendus aux urnes dimanche pour l'élection présidentielle qui devrait être remportée sans surprise par le chef de l'Etat sortant, Gourbangouly Berdymoukhamedov, dans ce pays d'Asie centrale, l'un des plus fermés au monde.

Sept candidats plus au moins loyaux au régime étaient opposés à M. Berdymoukhamedov qui est arrivé au pouvoir après le décès en 2006 de son excentrique prédécesseur, le "président à vie" Saparmourat Niazov.

L'élection s'est déroulée dans une atmosphère festive, des groupes folkloriques ayant joué de la musique dans les bureaux de vote où les électeurs ont reçu en cadeau de la nourriture et même des chemises blanches traditionnelles, a constaté un journaliste de l'AFP invité par la commission électorale centrale à faire le tour de ces bureaux.

Près de trois millions d'électeurs étaient appelés à voter dans cette ancienne république soviétique de quelque cinq millions d'habitants, riche en ressources énergétiques, qui s'étend de la mer Caspienne à l'Afghanistan.

Les bureaux de vote ont fermé à 20H00 (15H00 GMT). Le taux de participation a atteint 96,28%, selon la commission centrale électorale, un chiffre toutefois inférieur de deux points à celui du précédent scrutin en 2007.

Un habitant de la capitale Achkhabad a indiqué à l'AFP qu'il avait reçu un appel téléphonique de son bureau de vote l'invitant avec insistance à aller voter.

M. Berdymoukhamedov a glissé son bulletin dans l'urne aux côtés de son père, de son fils et de son petit-fils, "signe du respect de l'autorité absolue des aînés", a expliqué l'agence de presse étatique TDH.

Le nom du père du président, Mialikgouly Berdymoukhamedov, a d'ailleurs été donné mercredi à une unité militaire et à un musée pour le remercier d'avoir élevé un fils "infiniment fidèle à son peuple".

Ancien dentiste devenu ministre de la Santé de Saparmourat Niazov, Gourbangouly Berdymoukhamedov avait été élu en février 2007 avec 89% des voix.

Un résultat similaire est attendu à l'issue de ce scrutin. Les résultats préliminaires seront annoncés lundi.

Les sept adversaires du chef de l'Etat parmi lesquels deux de ses ministres, Iarmoukhammet Orazgoulyev (Energie) et Annagueldi Iazmyradov (Eau), et des responsables d'entreprises d'Etat présentés comme "indépendants" par le régime sont largement considérés comme des figurants.

Un diplomate occidental interrogé par l'AFP a estimé qu'il n'y avait aucune concurrence dans ce scrutin. "Le régime est en fait en compétition avec lui-même. Tous les candidats sont partisans du président. La vraie opposition n'a jamais existé et n'existe toujours pas".

En l'absence de concurrence politique, l'OSCE a renoncé à envoyer une mission d'observateurs à cette élection.

"Notre président est un héros qui nous mène sur l'unique bonne voie. Il est le protecteur du peuple. Nous sommes fiers de lui", a déclaré Gozel Sopyeva, 60 ans, du village de Kiptchak, près de la capitale.

Achir, un commerçant de 28 ans qui vend des légumes sur un marché d'Achkhabad, n'a pas eu le temps d'aller voter, mais est sûr que M. Berdymoukhamedov sera réélu "parce qu'il sait comment diriger le pays".

Pour sa part, Svetlana Mamedova, au chômage, a refusé d'aller voter "car cette élection est une simple formalité" dans la mesure, a déclaré cette femme de 40 ans, où "tout le monde sait que l'actuel président en sortira vainqueur".

Gourbangouly Berdymoukhamedov, régulièrement critiqué par les organisations de défense des droits de l'homme, est revenu sur les aspects les plus fantasques du régime de son prédécesseur fondé sur un culte délirant de sa personnalité, sans pour autant le libéraliser.

Amnesty International dénonce le "recours à la torture" et de "graves restrictions à la liberté de mouvement et d'expression, au militantisme politique".