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La grève des policiers menace le bon déroulement du carnaval

Emboîtant le pas à leurs confrères de Salvador de Bahia, les policiers de Rio ont entamé à leur tour une grève pour réclamer de meilleurs salaires. À une semaine de l'ouverture du carnaval, ce mouvement menace la tenue de l'évènement.

AFP - Les policiers de Rio de Janeiro ont rejoint dans la nuit de jeudi à vendredi le mouvement de grève lancé il y a neuf jours par leurs homologues de Salvador de Bahia (nord-est), menaçant le bon déroulement du carnaval mais les autorités paraissent décidées à ne pas céder et ont arrêté des dizaines de policiers mutins.

La grève a été déclenchée, alors que le Parlement de Rio a voté jeudi une loi accordant aux policiers et aux pompiers une augmentation progressive de 39%.

Vendredi, la situation était calme dans les rues de Rio, deuxième ville du Brésil, alors que la grève à Salvador a provoqué une vague de violences qui a fait au moins 157 morts, plus du double de la moyenne habituelle.

Le secrétaire à la Défense civile de Rio, le colonel Sergio Simoes, avait dit dans la nuit de jeudi à vendredi que 14.000 militaires étaient prêts à garantir la sécurité dans l'Etat.

Vendredi, 59 policiers de Rio ont été arrêtés et une centaine seront jugés en liberté, a indiqué le chef d'Etat-major de la police militaire (PM), le colonel Robson Rodrigues, au site G1 de Globo.

Rodrigues a précisé que, parmi les détenus, figurent neuf des onze leaders de la grève contre lesquels la justice avait émis un mandat d'arrêt.

"Ils peuvent nous arrêter mais nous implorons la population de nous soutenir pour obtenir des salaires dignes. Ne croyez pas ce qu'ils disent, nous ne sommes pas des vandales", a dit un porte-parole des grévistes, le caporal Joao Carlos Gurgel de la PM lors d'une conférence de presse.

Pour Francisco Chao, chef du syndicat de la police civile, le gouvernement de Rio "a fait des efforts mais ça reste malheureusement insuffisant".

"Nous voulons un dialogue direct avec le gouverneur (Sergio Cabral) mais il refuse. La sécurité publique bon marché n'existe pas. Nous sommes une économie puissante et Rio s'apprête à recevoir des événements sportifs internationaux (le Mondial de football 2014 et les JO 2016). Il y a de l'argent à Rio avec les royalties du pétrole, contrairement à ce que disent les autorités", a-t-il souligné.

Chao a dit qu'il était "encore trop tôt" pour connaître le pourcentage de grévistes sur les quelque 70.000 policiers militaires, civils et pompiers de l'Etat.

Les policiers de Rio sont parmi les plus mal payés du pays, avec un salaire mensuel de départ de 1.200 reals (700 USD).

Ils protestent également contre la détention jeudi du leader syndical des pompiers, Benevenuto Daciolo, accusé par la justice d'alimenter la mutinerie.

Le commandement de la PM a affirmé que la situation était sous contrôle et que "toutes les unités travaillaient normalement", selon un communiqué.

"Aucun service à la population n'est paralysé. La police militaire réitère son engagement à assurer la sécurité de la population de Rio de Janeiro", a ajouté le commandement.

"Un groupe de policiers s'est mis en grève, mais ils sont une minorité (...) Le carnaval aura lieu normalement, et pour le moment, il n'y a pas besoin de faire appel aux forces armées", a dit à l'AFP le porte-parole de la police militaire (PM) de Rio.

La présidente Dilma Rousseff du Parti des Travailleurs (PT-gauche) et les gouverneurs des Etats de Bahia et Rio, ses alliés politiques, ont dénoncé un mouvement "orchestré au niveau national" pour semer la panique dans la population à l'approche du carnaval qui rassemble des millions de personnes dans les rues.

Une députée d'oppostion de l'Etat de Rio, Janira Rocha, est accusée d'avoir incité à la grève les policiers et pompiers de Bahia et Rio et risque de perdre son mandat.

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