Des hackers du collectif LulzFinancial ont réussi à s’introduire dans les boîtes mails de près de 80 cadres du régime syrien. Une cyber-attaque qui a permis d’en apprendre un peu plus sur la gestion de la crise syrienne par Damas...
12345... Tel était le mot de passe de près de la moitié des boîtes e-mails des quelque 80 proches conseillers du président syrien Bachar al-Assad qui ont vu leurs comptes piratés dans la nuit de dimanche à lundi dernier. Une légèreté en matière de sécurité informatique qui a fait la joie du collectif de hackers LulzFinancial appartenant à la mouvance des célèbres cyber-activistes Anonymous...
Ces bidouilleurs informatiques ont en effet publié sur Internet, lundi, le détail des comptes dans lesquels ils se sont introduits, parmi lesquels se trouvent, entre autres, ceux de Mansour Fadlallah Azzam, le ministre des Affaires présidentielles, et de Bouthaina Shaaban, la principale conseillère médiatique de Bachar al-Assad. Ils ont aussi fait parvenir au quotidien israélien de gauche Haaretz les bonnes feuilles de cette pêche aux correspondances électroniques.
Les e-mails ainsi interceptés révèlent, notamment, comment l’entourage du président syrien tente de “vendre” aux médias occidentaux la répression sanglante exercée par le régime sur les manifestants qui lui sont hostiles. Ainsi, une attachée de presse syrienne à l’ONU explique-t-elle dans un échange de mails avec l’une de ses collègues basée à Damas comment préparer Bachar al-Assad à une interview, en décembre 2011, sur la chaîne américaine ABC. “Il est facile de manipuler l’opinion américaine, qui répond positivement aux dirigeants reconnaissant des ‘erreurs’ et promettant de ‘les corriger’”, écrit celle-ci. Qui poursuit en affirmant qu’il ne faut pas se priver de citer le “scandale de la prison d’Abou Ghraib pour montrer que ce sont les États-Unis qui pratiquent la torture”. Autant de points que le président Bachar al-Assad a, en effet, repris lors de son intervention sur ABC...
Amis occidentaux
Les messages permettent également d’identifier les Occidentaux restés fidèles au régime syrien, malgré la répression qu'il exerce sur sa population. Le millionnaire américain Bobby Sager, président du conseil d’administration de Polaroid et philanthrope autoproclamé, se décrivait ainsi dans un mail envoyé en mars 2011 comme “un véritable ami de Bachar al-Assad” désireux de partager “avec ses relations américaines” la vérité sur la situation en Syrie qui serait, selon lui, très éloignée “des clichés médiatiques actuels”. Parmi les autres Occidentaux proches de Damas se trouvent également l’ancien parlementaire britannique George Galloway, qui a été l’un des organisateurs de la controversée flotille vers Gaza en juillet 2011.
Cette cyber-attaque des comptes mails de proches de Bachar al-Assad n’est pas la première opération menée par des hackers contre le régime syrien. En septembre et octobre derniers, Anonymous avait ainsi revendiqué une attaque menée contre une douzaine de sites Internet liés au gouvernement syrien.
Reste que les hackers occidentaux ne sont pas les seuls à combattre sur le web. Damas dispose de son côté d’une “Armée électronique syrienne” qui s’est illustrée à plusieurs reprises, notamment en s’attaquant avec succès, le 30 janvier, au site de la chaîne d’information qatarie Al-Jazira.