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Homs de nouveau sous les bombardements des troupes pro-régime

Au surlendemain du veto sino-russe à l'ONU, la ville de Homs, haut lieu de la contestation contre le régime, est pilonnée par les forces pro-Assad. Pour l'instant, cinquante personnes, dont une majorité de civils, auraient péri selon l'opposition.

AFP - L'armée syrienne a lancé lundi un nouvel assaut sur Homs, haut lieu de la contestation, faisant 42 morts et des dizaines de blessés, selon des militants, au moment où le blocage reste entier au sein de la communauté internationale face au conflit en Syrie.

Cette nouvelle offensive, démentie encore une fois par le régime, survient à la veille d'une

Les rebelles créent un "conseil militaire supérieur"

Un "Conseil militaire révolutionnaire supérieur" a été créé pour "libérer la Syrie" du régime du président Bachar al-Assad, sous le commandement d'un général déserteur de l'armée réfugié en Turquie, selon un communiqué publié lundi.

"Après consultations avec des officiers déserteurs, un accord a été conclu pour créer le Conseil militaire révolutionnaire supérieur en vue de libérer la Syrie de cette bande (le clan Assad)", lit-on dans le communiqué signé par le général Moustapha al-Cheikh.

Ce Conseil a été créé après "l'embrigadement des rebelles (...) qui souhaitent rejoindre nos brigades (...) dans toutes les provinces syriennes".

visite à Damas du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, dont le pays a opposé samedi, avec la Chine, son veto contre une résolution de l'ONU condamnant la répression en Syrie.

Au total, les violences ont fait au moins 69 morts lundi, dont 66 civils selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Vingt-neuf civils ont été tués par les forces du régime à Homs (centre), et dix autres dans un bombardement à Rastan, dans la province de Homs.

Dans le même temps, des centaines de blindés ont lancé un assaut contre Zabadani, près de Damas, où trois personnes ont été tuées, selon l'OSDH.

En outre, trois officiers ont été tués dans l'attaque d'un barrage militaire à Idleb, a annoncé l'agence officielle Sana.

Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a exhorté la communauté internationale à "agir vite" pour "empêcher un nouveau massacre" à Homs, où un pilonnage avait fait plus de 230 morts samedi selon les militants.

Le régime a imputé les violences à des "gangs terroristes", comme il le fait depuis le début il y a près de 11 mois de la révolte qu'il cherche à étouffer, au prix d'au moins 6.000 morts selon les militants.

Les troupes qui encerclent et attaquent Homs depuis des mois ont bombardé aux roquettes et aux obus plusieurs quartiers de "la capitale de la révolution".

"C'est la première fois que nous subissons une telle attaque", a déclaré Omar Chaker, un militant joint par l'AFP depuis Beyrouth, alors que le bruit des bombardements retentissait clairement au téléphone.

"Plusieurs maisons sont transformées en hôpitaux de fortune où les blessés reçoivent les premiers secours mais nous ne sommes pas bien équipés", a-t-il ajouté.

Un des hôpitaux de campagne a été touché, selon l'opposition. Des vidéos diffusées sur internet montrent des corps parfois en sang gisant dans la rue parmi les cris et les pleurs.

Le CNS a appelé la communauté internationale à "protéger les civils syriens d'une guerre d'extermination sous couvert du silence et de la complicité" de ceux qui ont fait barrage à la résolution de l'ONU.

La Russie, alliée de Damas, et la Chine ont opposé leur veto samedi, le deuxième depuis le début de la révolte, à un projet de résolution condamnant la répression, présenté par l'Occident et les Arabes.

M. Lavrov a dénoncé la réaction "indécente et hystérique" de l'Occident, expliquant avoir opposé son veto parce que la résolution ne mentionnait pas la nécessité pour l'opposition de se distancer "des extrémistes armés".

Moscou a dit vouloir "faire tout son possible pour une stabilisation rapide" en Syrie et plaidé pour des "réformes démocratiques indispensables", même si l'opposition réclame avant tout un départ du président Bachar al-Assad.

Après l'échec des efforts diplomatiques à l'ONU, les Etats-Unis et l'Union européenne ont annoncé vouloir renforcer les sanctions contre le régime, tandis que Londres a dit réfléchir à "d'autres moyens de faire pression" sur lui.

Londres a rappelé son ambassadeur à Damas, tandis que Washington a fermé son ambassade, confiant à la Pologne la tâche de le représenter en Syrie.

Le Trésor américain va envoyer un responsable chargé de la lutte contre le financement du terrorisme à Moscou pour y évoquer les sanctions contre la Syrie.

Mais le président américain a plaidé contre une intervention militaire.

"Il est important de résoudre (la crise) sans recourir à une intervention militaire extérieure et je pense que c'est possible", a déclaré Barack Obama à la chaîne NBC.

Son porte-parole Jay Carney a affirmé, sans toutefois citer Pékin ou Moscou, que certains "ne devraient pas essayer de parier sur le régime Assad, c'est un pari perdu d'avance", car M. Assad n'a qu'un contrôle "au mieux, très limité" de son pays.

Le département d'Etat a renchérit, espérant que M. Lavrov fasse de sa visite mardi une "occasion pour faire bien comprendre au régime Assad combien il est isolé".

Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a reçu le président du CNS Burhan Ghalioun, lui exprimant le "soutien" de Paris.

Il a également évoqué avec des responsables arabes la constitution d'un "Groupe des amis de la Syrie".

Le CNS a appelé à encercler les ambassades de Syrie à travers le monde. Une manifestation a eu lieu à Alger où un imposant dispositif de sécurité a maintenu les protestataires à distance de la représentation syrienne.