La cour d'appel de Paris a condamné jeudi les deux principales structures françaises de l’Église de scientologie à une amende totale de 600 000 euros, pour "escroquerie en bande organisée". Plus de 200 scientologues ont manifesté leur colère.
AFP - Les deux principales structures françaises de l'Eglise de scientologie ont vu jeudi leur condamnation pour "escroquerie en bande organisée" confirmée, une décision de cour d'appel qui constitue une "première" dans l'Hexagone.
La justice a confirmé les amendes respectives de 400.000 et 200.000 euros aux deux structures parisiennes, le Celebrity Centre et sa librairie SEL.
La cour d'appel de Paris a en outre confirmé ou alourdi les peines prononcées en 2009 à l'encontre de cinq scientologues.
La plus faible (10.000 euros d'amende) a été infligée à Aline Fabre pour "exercice illégal de la pharmacie". Alain Rosenberg, "dirigeant de fait" de la Scientologie parisienne, et Sabine Jacquart, une ex-présidente du Celebrity Centre, reconnus coupables d'escroquerie en bande organisée, ont écopé de deux ans de prison avec sursis et 30.000 euros d'amende.
Cet arrêt devra être publié dans cinq quotidiens.
"C'est une décision historique", s'est réjoui Me Olivier Morice. L'Unadfi, l'association de lutte contre les dérives sectaires que défend l'avocat, a vu sa constitution de partie civile de nouveau rejetée.
"C'est la première fois en France que la scientologie est condamnée en tant que personne morale pour escroquerie en bande organisée", a-t-il dit, parlant de "très bonne nouvelle pour ceux qui luttent contre les sectes" et de "défaite sévère de l'Eglise de scientologie".
Georges Fenech, président de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) a estimé que les jours de la scientologie "sont désormais comptés" en France, et qu'"en cas de prochaine condamnation, elle encourt quasi automatiquement la dissolution".
"Objectif uniquement financier"
A l'extérieur de la salle, trois personnes se présentant comme des hackers informatiques membres des "Anonymous", dont l'un portant leur masque noir et blanc, ont salué la décision, la qualifiant d'"historique".
Les prévenus et leurs avocats, qui avaient quitté le procès au bout de deux semaines après le rejet de tous les points de procédure soulevés, n'ont pas assisté à la lecture de l'arrêt.
Le Celebrity Centre a qualifié la décision de "totalement faussée et inéquitable", affirmant qu'"elle est le résultat d’une sorte de procès fantôme, où de nombreuses irrégularités et violations des droits fondamentaux des scientologues se sont succédé".
L'association a annoncé qu'elle allait "immédiatement" se pourvoir en cassation. Si elle n'obtenait pas gain de cause, elle est prête à aller devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme, a assuré l'un de ses avocats, Me Michel de Guillenchmidt.
A la mi-journée, environ 250 scientologues se sont rassemblés plus d'une heure devant le Palais de Justice, arborant des pancartes proclamant "J'ai droit à ma religion" ou "Non à un procès en hérésie".
La justice reproche aux prévenus d'avoir profité de la vulnérabilité d'anciens adeptes pour leur soutirer de fortes sommes d'argent.
Le test de personnalité proposé pour les attirer "ne présente aucune valeur scientifique", écrit la cour dans son arrêt. Les prestations proposées à ces personnes à la suite de leurs tests, interprétés par la scientologie comme "extrêmement négatifs", s'inscrivaient dans "un objectif uniquement financier", et les sommes demandées étaient "sans commune mesure" avec leurs ressources.
Classé parmi les sectes dans plusieurs rapports parlementaires français, le mouvement fondé en 1954 par l'écrivain américain de science-fiction Ron Hubbard est considéré comme une religion aux Etats-Unis et dans quelques pays européens. Il revendique plus de 10 millions d'adeptes dans le monde et 45.000 dans l'Hexagone.