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Au lendemain d'un vaste rassemblement à Dakar, l'opposition, qui n'a désormais plus aucun recours légal pour contester la candidature du chef de l'État Abdoulaye Wade à sa propre succession, promet une "nouvelle stratégie".

AFP - Au lendemain de la dispersion par la police de son rassemblement à Dakar, l'opposition sénégalaise a promis mercredi une "nouvelle stratégie" pour empêcher la candidature du chef de l'Etat Abdoulaye Wade à la présidentielle de février, dont le camp a pointé la faible mobilisation.

"Notre capacité de mobilisation n'a pas été démentie", a assuré le Mouvement du 23 juin (M23), coalition qui regroupe des représentants de l'opposition et de la société civile.
              

Le Sénégal n'acceptera "pas de diktat" de l'étranger

Le Sénégal n'acceptera "pas de diktat" de l'étranger concernant l'organisation de l'élection présidentielle du 26 février, a déclaré mercredi au nom du gouvernement son ministre des Affaires étrangères, Madické Niang.

Lundi, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero, avait regretté que "toutes les sensibilités politiques ne puissent être représentées" à la présidentielle sénégalaise, après la publication par le Conseil constitutionnel des candidatures, rejetant celle du chanteur Youssou Ndour.

Le même jour, la porte-parole du département d'Etat américain, Victoria Nuland, avit invité le président Abdoulaye Wade à "laisser la place à la prochaine génération".

A l'appel du M23, des milliers de personnes s'étaient rassemblées à Dakar pour exiger le retrait de la candidature à la présidentielle du 26 février de M. Wade, 85 ans dont 12 au pouvoir, candidature dont la validité a été confirmée le 29 janvier par le Conseil constitutionnel.

Après plusieurs heures sans incident, le rassemblement sur la place de l'Obélisque a été dispersé par la police à coup de grenades lacrymogènes en début de soirée après des jets de pierres de jeunes manifestants.

Un jeune homme a été tué lors de la dispersion, renversé par un véhicule, tandis que des petites échauffourées se sont poursuivies dans les rues adjacentes.

La situation était revenue à la normale mercredi matin dans le quartier, où la police était très discrète et les débris des affrontements de la veille déjà nettoyés, tandis que la capitale grouillait d'activité comme à l'habitude.

Alors que l'opposition n'a désormais plus aucun recours légal pour contester cette candidature, la manifestation de mardi s'annonçait donc comme un test de la rue décisif pour le M23.

"Nous avons atteint tous nos objectifs", a jugé un porte-parole de la coordination. "Il y a eu reculade du gouvernement, (...) la place de l'Obélisque a été prise. Ensuite, nous avons relevé le test de la mobilisation", a souligné ce porte-parole, Abdoul Aziz Diop.

"C'était la manifestation la plus forte qu'on ait vu, les gens étaient très déterminés", a affirmé également Alioune Tine, autre responsable du M23 et figure de la société civile.

Pour autant, le raz-de-marée annoncé n'a pas eu lieu. Les manifestants étaient autour de 10.000, selon les observateurs indépendants, dont de nombreux journalistes sur place. Loin du "printemps sénégalais" promis par le M23, en référence aux révolutions du "printemps arabe".

Comité de crise

Dès les premiers tirs de lacrymogènes d'à peine 200 policiers, les manifestants se sont égaillés dans les rues adjacentes, oubliant aussi vite leurs menaces lancées quelques instants plus tôt de "marcher" sur le palais présidentiel.

La présidence sénégalaise a ainsi immédiatement pointé une faible mobilisation de "2.500 participants environ".

"Cela prouve encore une fois que les Sénégalais sont plus que jamais déterminés à soutenir le président Wade", a souligné dans un communiqué son porte-parole Serigne Mbacké Ndiaye.

"En effet, si treize candidats soutenus par près de 70 partis politiques et organisations de la société civile n'ont réussi a mobiliser que 2.500 personnes, cela prouve qu'Abdoulaye Wade est largement majoritaire au Sénégal et que le peuple sénégalais refuse l'aventure", a souligné M. Ndiaye.

Le M23 devait réunir mercredi "un comité de crise" pour évaluer la suite à donner à la manifestation.

Mais certains de ses responsables reconnaissent désormais ouvertement la faiblesse intrinsèque du mouvement, coalition hétéroclite d'associations citoyennes, souvent jusqu'au boutiste contre Wade, et de partis politiques plûtot soucieux de protéger leurs propres intérêts.

Face à "la répression du gouvernement", le M23 va "désormais devoir développer une nouvelle stratégie", selon son porte-parole.

Selon Alioune Tine, une deuxième personne a été tuée au cours de la dispersion, mais dans des circonstances qu'il n'a pas précisées.

Avec le décès de mardi, ce sont donc quatre personnes, dont un policier, qui ont été tuées en quatre jours au Sénégal dans des violences liées aux tensions politiques à l'approche de la présidentielle.

Ces violences avaient éclaté le 27 janvier à Dakar et dans d'autres villes à l'annonce de la validation de la candidature Wade.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit "préoccupé par la montée des tensions", et a exhorté les acteurs politiques "à s'abstenir de toute violence", selon un communiqué diffusé mercredi.

M. Ban a souligné par ailleurs "la nécessité pour les autorités d’agir de manière à préserver et à consolider les traditions démocratiques" du pays.