
Guadeloupe, Martinique et enfin Guyane. Le candidat socialiste à la présidentielle a conclu, lundi, un rapide séjour en outre-mer, où il s'est employé à contrecarrer les différentes critiques adressées à son encontre par le chef de l'État.
REUTERS - François Hollande a conclu lundi en Guyane un séjour-éclair dans les départements d’Outre-mer placé sous le signe de la sobriété, où il s’est employé à répondre mot pour mot aux flèches décochées en métropole par Nicolas Sarkozy.
Le candidat du Modem, François Bayrou, progresse de sept points, à 14%, par rapport à début décembre dans les intentions de vote pour le premier tour de la présidentielle, à en croire un nouveau sondage Ipsos pour France Télévisions, Radio France et Le Monde, rendu public mardi.
François Hollande, à 29%, demeure nettement en tête au premier tour, bien qu’en recul de trois points par rapport à la précédente enquête Ipsos-Logica Business Consulting réalisée les 2 et 3 décembre. Nicolas Sarkozy, à 23%, est en recul de 2,5 points. (Reuters)
Après la Guadeloupe et la Martinique, le candidat socialiste à l’élection présidentielle n’a passé que quelques heures dans le département français situé au nord-est de l’Amérique du Sud.
Sa visite précède de quelques jours celle du président de la République, attendu samedi et dimanche en Guyane, où il rendra notamment visite à des populations amérindiennes et au centre spatial de Kourou.
"Que le président me succède, c’est une belle image, si nous l’inversons à un moment ou à un autre", a-t-il dit dans un sourire à son arrivée à Cayenne, chef-lieu d’un département qui avait voté pour Nicolas Sarkozy en 2007, contrairement au reste des Antilles, solidement ancrées à gauche.
"C’est bien que nous nous retrouvions sur le sol guyanais, moi pour prendre des engagements, lui pour rappeler ce qu’ont été ses promesses et ce que sont maintenant les résultats", a-t-il ajouté devant la presse. "Moi je ne viens pas simplement pour chercher des suffrages ici en Guyane."
François Hollande est arrivé à l’aéroport que Nicolas Sarkozy baptisera lors de sa visite en hommage à Félix Eboué (1884-1944), administrateur colonial guyanais, résistant et membre de la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO), l’ancêtre du Parti socialiste.
Le candidat y a été accueilli par une vingtaine de militants vêtus de jaune, chantant "François président".
Un accueil modeste, comme pour le reste de sa visite, alors que Ségolène Royal avait soulevé les passions lorsqu’elle était candidate en 2007 lors de son passage dans des départements touchés par le chômage et la violence.
Le député de Corrèze a présidé deux meetings à Basse-Terre (Guadeloupe) et Fort-de-France (Martinique), pris un petit bain de foule en bord de mer dimanche soir, et n’a jamais quitté son costume-cravate malgré la chaleur tropicale.
Dans un restaurant de Cayenne où il a rencontré des élus et responsables guyanais, François Hollande a croisé les équipes de sécurité préparant le voyage présidentiel.
"Les moyens de l’Etat n’ont rien à voir avec ceux déployés ici, qui sont ceux de l’amitié et des partis qui nous soutiennent", a-t-il glissé à ses hôtes.
Quartier défavorisé
Il a ensuite visité un quartier défavorisé de Cayenne, baptisé Rénovation urbaine. Accueilli par des danseurs en costume local réunis sous une tente dressée devant des immeubles décatis, le candidat a été interpellé par des habitants sur le thème de l’insécurité.
"On vous a fait des promesses, je ne sais plus qui, mais on va le retrouver", leur a répondu François Hollande. "J’ai entendu votre appel et n’aurez pas besoin de dix ans pour me retrouver et me demander ce que j’aurai fait. Nous l’aurons fait avant, avec vous, et nous mettrons tous les moyens nécessaires".
Alors que les chiffres de la délinquance, annoncés en baisse, seront publiés mardi, l’élu socialiste a insisté sur l’importance de s’attaquer à ce problème au nom de l’égalité.
"L’insécurité c’est une agression d’abord contre les plus pauvres, les plus modestes, les plus fragiles et donc ce que nous ferons pour la sécurité ce sera pour l’égalité et la dignité", a-t-il souligné.
Ce week-end ultra-marin a été marqué par les secousses provoquées par la dégradation de la note de la France, vendredi soir, par l’agence Standard & Poor’s.
"Je souhaite que le triple A soit conservé mais là encore, ne confions pas à une agence de notation le soin de dire et de nous confirmer ce qui est bon ou ce qui ne le serait pas pour la France", a répété François Hollande à l’aéroport de Cayenne.
"Un pays doit être jugé sur ses résultats et pour moi, ceux qui vont avoir à juger ces résultats, ceux qui vont avoir à dire leur confiance, ce sont les Français".
Le candidat a laissé à ses porte-parole et d’autres responsables du Parti socialiste répondre aux piques lancées par le Premier ministre, François Fillon, ou le ministre de la Défense, Gérard Longuet.
"Quand on voit cela d’ici, de l’Outre-mer, ça rend un peu triste de voir le niveau du débat politique tel que le pouvoir le met en place", a commenté en Guyane l’un des porte-parole de François Hollande, Bruno Le Roux. "La thématique du changement apparaît encore plus nécessaire".
Le candidat socialiste doit présenter une partie de son projet lors de son premier grand discours dimanche prochain au Bourget (Seine-Saint-Denis). Il sera mardi en Moselle aux côtés de la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry.