
L'ex-Premier ministre Dominique de Villepin a été entendu ce lundi comme témoin, pour la deuxième fois, dans le volet financier de l'affaire Karachi. Les juges soupçonnent un financement illégal de la campagne de Balladur en 1995.
AFP - L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a témoigné lundi matin pour la deuxième fois devant les juges chargés du volet financier de l'affaire Karachi qui enquêtent sur un éventuel financement politique illicite de la campagne présidentielle de 1995.
M. de Villepin, candidat à la présidentielle, a été entendu pendant environ 01H30 au pôle financier du Tribunal de grande instance de Paris (IXe arrondissement), ont constaté des journalistes de l'AFP. Il est reparti vers 11H15 en voiture sans faire de déclaration.
"Je suis très heureux de cette occasion de pouvoir contribuer à la vérité", avait déclaré jeudi M. de Villepin, en commentant cette deuxième audition.
Les juges d'instruction Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire enquêtent sur un éventuel détournement de commissions sur des contrats d'armement avec l'Arabie Saoudite (Sawari II) et le Pakistan (Agosta), signés fin 1994, au profit de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995.
Dominique de Villepin, qui était secrétaire général de l'Elysée en 1995, a déjà expliqué aux juges en novembre 2010 que les commissions sur les contrats d'armement ont été interrompues par le président Jacques Chirac en raison de soupçons de rétrocommissions.
Mais il devrait être aussi interrogé sur l'après-1995 par les juges, qui ont récemment obtenu d'étendre leur enquête à une poursuite de cette corruption éventuelle sous la présidence de M. Chirac.
Contrats détruits
C'est l'intermédiaire en armement franco-libanais Ziad Takieddine qui a mis les juges sur la piste de commissions qui auraient perduré, selon lui, après la victoire de Jacques Chirac à la présidentielle de 1995.
Pour l'intermédiaire, deux contrats de versement des commissions sur Sawari II ont été détruits le 10 mars 1997 pour être remplacés par des paiements "à d'autres destinataires" sans l'accord de l'Arabie saoudite.
En novembre 2010, M. de Villepin avait déclaré au juge Van Ruymbeke que "le suivi des commissions, tel qu'il avait été opéré par la DGSE, faisait ressortir de forts soupçons de rétrocommissions".
Il avait également suggéré qu'une partie de la campagne présidentielle de 1995 d'Edouard Balladur avait pu être financée par des fonds secrets de Matignon plutôt que des rétrocommissions.
"Il s'agissait davantage de financement politique de tel ou tel parti soutenant la majorité du Premier ministre de l'époque (Edouard Balladur, NDLR), que d'un financement spécifique de la campagne présidentielle, d'autant qu'il était aisé d'imaginer qu'elle avait pu être abondée par les fonds secrets de Matignon", avait dit M. de Villepin.
L'ancien secrétaire général de l'Elysée a récemment réfuté les accusations de Ziad Takieddine, l'invitant à produire ses preuves à la justice.
"Cela fait un an que la justice lui pose des questions", a lancé l'ancien Premier ministre, soulignant ne jamais avoir rencontré cet homme d'affaires. "Il a des preuves ? Qu'il les apporte à la justice, c'est à la justice d'apprécier les choses", a-t-il poursuivi.
Dans ce dossier, l'ancien ministre Renaud Donnedieu de Vabres, ex-conseiller de François Léotard au ministère de la Défense, a été mis en examen le 15 décembre, après M. Takieddine et deux proches de Nicolas Sarkozy: Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet et de campagne d'Edouard Balladur, et Thierry Gaubert, ex-collaborateur du chef de l'Etat à la mairie de Neuilly et au ministère de Budget.