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L'Irak après l'Amérique

Décembre 2011, le dernier G.I. quitte l’Irak, après neuf ans d’occupation. Les Américains laissent un pays divisé, en proie à la violence et à une crise politique. Nous avons rencontré des chiites et des sunnites pour mesurer les tensions entre communautés.

Cent cinquante-sept : c’est le nombre de soldats américains encore en Irak. Initialement, les gouvernements américain et irakien voulaient que des formateurs restent jusqu’en 2014 pour encadrer les forces de sécurité locales, mais ils n’ont pas pu se mettre d’accord sur leur statut juridique.

L’Otan voulait une immunité judiciaire pour ses personnels : le gouvernement de Nouri al-Maliki a refusé. La page américaine est donc définitivement tournée en Irak... place à la crise politique.

Institutions bloquées

La tension est à son comble entre le gouvernement du chiite Nouri al-Maliki et le bloc Iraqiya, l’opposition laïque, soutenue par les sunnites, qui accuse le Premier ministre de monopoliser le pouvoir et qui boycotte le Parlement.

Dernier épisode en date : quarante-huit heures à peine après le retrait américain, le ministre de l’Intérieur convoque une conférence de presse durant laquelle il annonce qu’un mandat d’arrêt est lancé le vice-président irakien : le sunnite Tarek el-Hachemi. Selon le gouvernement, il aurait commandité des actes terroristes. Plusieurs personnes, presentées comme des membres de sa garde rapprochée, défilent devant les caméras, racontant dans le détail les attentats et assassinats qu’ils auraient perpétrés pour le compte de leur patron.

Tarek el-Hachemi est actuellement au Kurdistan irakien. Manœuvre politique ou accusations fondées ? Dans les deux cas, cet épisode en dit long sur l’état politique du pays et rend plus difficiles d’éventuelles négociations de sortie de crise.

Risque d’éclatement du pays

Dans les provinces du Triangle sunnite, les gouverneurs se sentent de plus en plus marginalisés. Selon eux, le gouvernement central les empêche de travailler et leur refuse des postes à Bagdad. Le 27 octobre, Salah-el-Din est la première région sunnite à demander son autonomie, bientôt suivie de Diyala.

Des demandes refusées par le gouvernement et qualifiées, par les proches de Nouri al-Maliki, de "complot" visant à faire éclater le pays et à offrir un refuge aux anciens baassistes.

La crise politique et l’autonomie des provinces sunnites renforcent les tensions entre les communautés chiites et sunnites. Chacune dispose de milices prêtes à en découdre : une situation explosive qui pourrait plonger l’Irak dans une violente guerre confessionnelle.