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Le retrait des prothèses PIP divise les capitales européennes

Les autorités sanitaires allemandes recommandent le retrait des prothèses mammaires de la marque française PIP, au cœur d'un scandale international. Leurs homologues britanniques jugent quant à elles cette mesure inutile.

AFP - L'Allemagne a recommandé vendredi le retrait des prothèses mammaires défectueuses de la société française PIP, qui concerneraient 400.000 à 500.000 femmes dans le monde, tandis que Londres estimait une telle recommandation injustifiée.

Les autorités sanitaires allemandes réagissaient ainsi "à titre préventif" après qu'un nombre croissant de médecins et d'hôpitaux se furent manifestés pour signaler des problèmes avec ces implants notamment des ruptures de l'enveloppe de prothèse, a expliqué l'Institut fédéral pour les produits médicaux (BfArM), placé sous la tutelle du ministère de la Santé.

L'Institut n'était pas en mesure de préciser le nombre de cas concernés, mais selon la presse, 7.500 femmes porteraient un implant de Poly Implant Prothèse (PIP), société en faillite depuis mars 2010 et au coeur de ce scandale planétaire. Dix-neuf cas de prothèses défectueuses avaient été répertoriés fin décembre dans le pays.

La République tchèque a également décidé d'agir en recommandant aux quelque 2.000 femmes qui ont reçu des prothèses mammaires PIP dans le pays de les faire retirer.

Mais la Grande-Bretagne a assuré n'avoir trouvé aucun élément plaidant en faveur d'un "retrait généralisé" de ces implants dont sont dotées 42.000 femmes.

Londres a néanmoins assuré que les femmes opérées dans le secteur public hospitalier pourraient les faire retirer gratuitement si elles le désiraient.

Un groupe de Vénézuéliennes a également déposé vendredi une requête devant un tribunal civil de Caracas contre les distributeurs locaux de prothèses PIP pour obtenir le remboursement des frais de remplacement de leurs implants mammaires.

Le gouvernement vénézuélien a déjà annoncé il y a plusieurs jours que le retrait de ces prothèses serait gratuit dans tous les établissements de santé du pays, mais il avait précisé que leur remplacement ne serait pas pris en charge.

Au Venezuela, environ 40.000 mammoplasties sont réalisées chaque année, mais aucune estimation du nombre de porteuses d'implants PIP n'a été communiquée.

En France, où le scandale a éclaté le mois dernier, 20 cas de cancers, dont 16 du sein, ont été enregistrés chez des porteuses d'implants PIP, sans qu'un lien de causalité ne soit établi. Les autorités ont recommandé aux 30.000 femmes concernées de se faire retirer ces implants.

Certaines de ces prothèses sont remplies d'un gel de silicone non médical, qui entraîne des risques accrus de fuite et de rupture de l'enveloppe de la prothèse, selon le gouvernement français.

L'entreprise PIP produisait jusqu'à 100.000 prothèses par an, dont 84% partaient à l'exportation, notamment en Amérique latine, en Espagne et en Grande-Bretagne. De 400.000 à 500.000 femmes seraient porteuses d'implants PIP dans le monde.

Jean-Claude Mas, le fondateur de PIP, a admis devant les enquêteurs, sans aucun regret apparent, avoir produit un gel de silicone non homologué, issu d'une formule de sa production et dissimulé à l'organisme certificateur.

Pour lui, ses prothèses ne présentent cependant "aucun risque pour la santé".

"Je savais que ce gel n'était pas homologué, mais je l'ai sciemment fait car le gel PIP était moins cher (...) et de bien meilleure qualité", a expliqué M. Mas en octobre aux gendarmes, selon un procès verbal d'audition consulté par l'AFP.

Jeudi, l'Union européenne a promis un renforcement des contrôles sur ces prothèses. Bruxelles travaille depuis plusieurs mois déjà à la révision de l'actuelle directive, qui date de 2007, et doit présenter ses propositions dans le courant de ce semestre, selon un porte-parole.