
Brice Hortefeux, l'ancien ministre de l'Intérieur, a été entendu lundi comme témoin, au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris, dans l'enquête sur une éventuelle subornation de témoin en marge de l'affaire Karachi.
AFP - L'ancien ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a été entendu lundi comme témoin pendant plus de deux heures par un juge en charge de l'enquête sur une éventuelle subornation de témoin dans le volet financier de l'affaire Karachi.
Arrivé dans une voiture aux vitres teintées peu avant 15H00, Brice Hortefeux a quitté le pôle financier du tribunal de grande instance de Paris vers 17H30, sans faire de déclaration à l'issue de son audition par le juge Roger Le Loire, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Dans un communiqué publié juste après sa sortie, le député européen s'est dit "heureux d'avoir pu apporter des précisions à la justice".
Selon une source proche de l'enquête, il devait notamment être interrogé sur une conversation téléphonique avec son ami Thierry Gaubert.
Dans cette conversation du 14 septembre, qui faisait l'objet d'une écoute judiciaire, M. Hortefeux déclarait à Thierry Gaubert --ex-conseiller de Nicolas Sarkozy-- que son épouse, Hélène Gaubert, "balan(çait) beaucoup".
"Qu'est-ce que tu as comme infos là-dessus, toi, parce qu'elle me dit qu'elle dit rien?", avait dit Thierry Gaubert. "Ça m'embête de te le dire par téléphone. Il y a beaucoup de choses, hein", avait assuré l'ex-ministre de l'Intérieur.
Mme Gaubert avait été interrogée quelques jours plus tôt par Renaud van Ruymbeke, qui instruit avec son confrère Le Loire le volet financier du tentaculaire dossier Karachi.
Le témoignage de Mme Gaubert s'est avéré extrêmement compromettant pour son époux, dont elle est séparée, et pour d'autres protagonistes du dossier, comme l'intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine et l'ancien directeur de cabinet d'Edouard Balladur à Matignon, Nicolas Bazire.
"Pressions"
MM. Takieddine, Bazire et Gaubert ont été mis en examen par les juges qui cherchent à établir s'ils ont participé à un éventuel financement occulte de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, via des rétrocommissions sur des contrats d'armement.
Soupçonné d'avoir fait pression sur son épouse, Thierry Gaubert est notamment mis en examen pour subornation de témoin. C'est dans le cadre de cette enquête que M. Hortefeux a été entendu lundi.
Devant les policiers et la presse, Mme Gaubert avait dénoncé, à plusieurs reprises, les "pressions" de son mari.
"Cela a commencé après que la maison a été perquisitionnée, au mois de juillet. Il s'attendait à ce que je sois convoquée par la police. Alors il m'a dit : +Si tu parles, tu ne verras plus les enfants. Si je coule, tu coules avec moi+", avait raconté Hélène de Yougoslavie.
Aux enquêteurs, elle explique avoir été "inondée de textos" de son mari. Et le 14 septembre, après la conversation entre MM. Hortefeux et Gaubert, ce dernier donne rendez-vous à son épouse dans sa voiture: "Il m'a incendiée, il était furieux", avait-elle raconté au Monde.
M. Gaubert avait tenté de s'en expliquer devant les policiers lors de sa garde à vue quelques jours plus tard: "C'est une discussion. Je regrette les propos échangés avec énervement". Mais le parquet de Paris a décidé d'élargir l'enquête menée par les juges à cette possible subornation de témoin.
De son côté, M. Hortefeux avait nié "catégoriquement avoir eu quelque information issue de la procédure judiciaire en cours" sur le volet financier du dossier Karachi, assurant n'avoir eu connaissance que de rumeurs journalistiques.
Brice Hortefeux a déjà été entendu au moins deux fois par les policiers saisis d'une autre enquête, pour violation du secret professionnel, conduite par le parquet.