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Samedi, la répression a fait au moins 18 morts en Syrie. La veille, le Conseil des droits de l'homme a voté une résolution condamnant les "violations systématiques et flagrantes" commises par les autorités syriennes.

AFP - Dix-huit personnes ont été tuées samedi en Syrie, où aucune issue à la crise n'est en vue tant les positions du régime et de l'opposition sont antinomiques et les divisions profondes au sein du Conseil de sécurité de l'ONU.

Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a condamné vendredi le régime syrien dont la répression a fait plus de 4.000 morts, dont plus de 300 enfants, depuis le mois de mars.

Malgré une multiplication des sanctions contre Damas, notamment celles de l'UE annoncées jeudi, la répression s'est poursuivie samedi avec la mort de 18 personnes, dont six civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Cette ONG basée à Londres a fait état d'affrontements ayant opposé à l'aube à Idleb (320 km au nord-ouest de Damas), l'armée régulière, les agents de sécurité et des groupes de déserteurs près des bâtiments du gouverneur de la ville, de la sécurité politique et de la direction de police.

Sept militaires et membres de la sécurité, dont un officier, de l'armée régulière ont été tués, ainsi que trois civils et cinq soldats déserteurs. Les accrochages se multiplient à travers le pays entre ces déserteurs appartenant à l'Armée syrienne libre (ASL) et l'armée régulière.

Lors de perquisitions à Tafas, dans la province de Deraa (sud) où avait commencé en mars la contestation contre le président Bachar al-Assad, un civil a été tué et cinq autres ont été blessés par les balles tirées par les services de sécurité, a indiqué l'OSDH.

Par ailleurs, à Homs, foyer de la contestation dans le centre du pays, deux civils ont été tués, l'un par un tireur embusqué et l'autre par les forces de sécurité à Bab Amro, un des quartiers sunnites les plus engagés dans la lutte contre le régime.

Sept personnes avaient été tuées vendredi dans le pays, où des dizaines de milliers de manifestants avaient défilé contre le pouvoir.

En visite en Turquie, le vice-président américain Joe Biden, a estimé que le régime de Bachar al-Assad n'était pas seulement une source d'instabilité en Syrie mais menaçait "d'attiser" les conflits confessionnels dans la région.

M. Biden "a souligné sa conviction, que partagent les Turcs, que Assad et son régime sont actuellement la source d'instabilité en Syrie et posent le plus grand risque d'attiser les conflits confessionnels, pas seulement en Syrie mais au-delà", a rapporté samedi son service de presse.

Une ligne de partage s'est dessinée au fil des mois entre la majorité du monde arabe et la Turquie d'obédience sunnite, qui soutiennent la révolte conduite par leurs frères de religion majoritaires en Syrie, et un croissant chiite partant de l'Iran, en passant par l'Irak, la Syrie et le Liban qui appuie le président Bachar al-Assad, issu de la minorité alaouite, une émanation du chiisme.

En outre, le Moyen-Orient, est composé d'une mosaïque de minorités, notamment chrétiennes, mais également chiites dans les pays sunnites du Golfe, comme Bahreïn et l'Arabie Saoudite, et sunnites en Irak ou au Liban.

En période de crise, dans ces pays créés après la Première guerre mondiale sur les ruines de l'Empire ottoman, le sentiment confessionnel prend souvent le dessus.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a salué de son côté l’adoption par le Conseil des droits de l’Homme de l'ONU de la résolution condamnant le régime de Damas pour les atrocité commises et estimé qu'un tel vote renforçait l'isolement de Damas.

"Elle montre que le régime d'Assad est maintenant plus isolé et donne lieu à une pression internationale plus forte que jamais", a déclaré la chef de la diplomatie américaine dans un communiqué.

"Les Etats-unis soutiennent fermement les efforts du Conseil pour faire la lumière sur le régime d'Assad et aider à appréhender ceux qui violent les droits de l'Homme", est-il écrit.

Mais si cette résolution a été adoptée par l'écrasante majorité de ses 47 membres, 37 voix pour, six absentions, quatre voix s'y sont opposées: Cuba, la Russie, l'Equateur et la Chine.

Or la Russie et la Chine, qui ont droit de veto au Conseil de sécurité, peuvent bloquer toute résolution présentée par l'autre camp contre leur allié syrien.

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