
Nicolas Sarkozy et Angela Merkel doivent se rencontrer lundi, à Paris, pour préparer le prochain sommet capital sur l'avenir de la zone euro qui se tiendra à Bruxelles la semaine prochaine. Mais les divergences entre Paris et Berlin persistent.
La chancelière allemande Angela Merkel a passé, vendredi matin, son grand oral d’économie européenne devant le Bundestag (la chambre basse du parlement allemand). Elle succédait au président français Nicolas Sarkozy qui avait prononcé lui aussi un discours sur la crise de la zone euro le 1er décembre.
Après cet exercice individuel, les deux chefs d’État se réuniront à Paris, lundi, pour tenter de transformer leurs déclarations en propositions communes - notamment sur la révision des traités européens. Elles devront ensuite être présentées au sommet européen des chefs d’État à Bruxelles les 8 et 9 décembre.
Entre ces deux événements : une semaine de négociations jugées cruciales pour l’avenir de la zone euro.
Les divergences sur les moyens de faire face à la crise persistent en effet entre les deux “locomotives” européennes dont les discours ont confirmé les différences de point de vue malgré des tentatives pour les masquer.
“Ce que les deux responsables politiques ont dit ne marque pas une véritable inflexion de leur position”, souligne Iain Begg, spécialiste de l’économie européenne à la London school of economics, à FRANCE 24. Tout au plus juge l’expert “Nicolas Sarkozy semble avoir accepté qu’Angela Merkel assume le leadership européen dans cette crise”.
Le chef de l'État a donc cédé du terrain sur une question qui lui tient à cœur, celle du rôle de la Banque centrale européenne (BCE) dans la gestion de la crise des dettes souveraines. Le Président français continue certes de souhaiter que l’institution intervienne plus activement sur les marchés pour racheter la dette des pays européens fragilisés, mais il a souligné jeudi que la BCE “devait être indépendante”. Un argument qui avait jusqu’alors servi d’antienne à la chancelière allemande pour s’opposer à la position française.
Mauvaise augure pour Bruxelles
Vendredi, Angela Merkel est restée fidèle à cette ligne directrice. Elle a répété que la seule mission de la banque centrale était “la stabilité de la monnaie unique”, c’est-à-dire la lutte contre l’inflation. Néanmoins, elle a montré en pointillé qu'elle pouvait entendre les arguments des défenseurs d'un plus grand interventionnisme de la BCE. La chancelière a ainsi “laissé entendre qu’elle ne s’opposerait pas à ce que la BCE continue (comme elle le fait déjà depuis un an, NDLR) à racheter ponctuellement de la dette”, remarque Iain Begg. La chef de gouvernement allemand a, en outre, précisé qu’elle “ne commentera pas les décisions de la Banque centrale européenne”. Soit aucune critique quant aux éventuels rachats de dette sur les marchés financiers.
Si la question du rôle de la banque centrale semble loin d’être réglée malgré quelques concessions de part et d’autre, les deux responsables politiques ont plaidé de concert, par discours interposés, en faveur d’une révision du fonctionnement des institutions europénnes. Nicolas Sarkozy a ainsi appelé, jeudi, à un “nouveau traité européen” tandis qu’Angela Merkel a estimé que l’union budgétaire était “imminente”.
Cette inscription de la révision des traités européens en haut de l’agenda du couple franco-allemand inquiète Iain Begg. “Ça ne se fera pas en quelques semaines alors que la crise actuelle de la zone euro demande avant tout des réponses immédiates”, déplore-t-il.
L’économiste juge que faire de cette révision une priorité du sommet européen prévu en fin de semaine prochaine est de mauvais augure. “En discutant de problématiques à moyen terme, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel évitent de trancher les questions auxquelles les marchés attendent des vraies réponses”, regrette Iain Begg.
Le prochain sommet de Bruxelles risque de se transformer en nouvel échec et nul ne sait combien d'échec la zone euro supportera encore avant de s'effondrer.