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La lutte contre le sida se heurte à la crise économique

Un rapport de l'OMS, publié à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida qui se tient ce jeudi, montre que la pandémie est stabilisée à l'échelle mondiale. Mais la crise économique a entraîné une baisse des financements.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Unicef et l’Onusida ont affiché leur optimisme à la veille de la journée internationale consacrée ce jeudi 1er décembre à la lutte contre le sida. Les trois organisations saluent des "progrès extraordinaires de la réponse du secteur de la santé face au VIH au cours des dix dernières années". Dans un rapport publié le 30 novembre, elles notent également que "l'incidence mondiale de l'infection au VIH s'est stabilisée" et a même commencé à diminuer dans de nombreux pays en proie à des épidémies généralisées.

En outre, le nombre de nouvelles infections a atteint en 2010 son niveau le plus bas depuis 1997, avec 2,7 millions de nouveaux cas, soit un recul de 21% par rapport au pic de 1997. L’objectif fixé par l’OMS est de supprimer toute nouvelle infection en 2015.

Ces statistiques encourageantes ne doivent cependant pas masquer une réalité toujours alarmante, selon Jean-Luc Romero, conseiller régional d’Ile-de-France et activiste de longue date dans la lutte contre le sida. "Il n’y a jamais eu autant de gens qui vivent avec le sida, on l’oublie souvent mais il y a aujourd’hui 34 millions de gens qui vivent avec le sida dans le monde", rappelle-t-il lors d’un entretien accordé à France 24.

"Le sida peut disparaître"

L’élu francilien se félicite que la lutte contre le sida ait permis de faire reculer le nombre de décès liés à cette maladie - le VIH a tué 1,8 million de personnes dans le monde en 2010 soit 5% de moins qu’en 2009. Il juge toutefois que la situation n’est toujours pas satisfaisante. "Si toutes les personnes qui en ont besoin sont mises sous traitement, le sida peut disparaître, mais malheureusement l’argent n’est pas là, alors qu’on sait aujourd’hui qu’on peut vaincre ce virus."

La crise économique de 2008 et les menaces actuelles de récession ont en effet entraîné une baisse des financements nationaux et internationaux consacrés à la lutte contre le sida - 15 milliards en 2010 contre 15,9 milliards en 2009. Le rapport de l’OMS précise pourtant qu’il faudrait consacrer 22 à 24 milliards de dollars pour que la lutte contre la maladie soit mondiale et efficace. "Il manque juste 10 petits milliards pour éviter que deux millions de personnes meurent tous les ans", note Jean-Luc Romero qui s’offusque de la baisse des financements.

Contrairement à l’idée reçue qui veut que le virus soit désormais en recul en Europe, 27 000 personnes ont été diagnostiquées comme étant porteuses du VIH en 2010 dans l’Union européenne. Un chiffre inquiétant qui, loin de diminuer, est en augmentation de 4% par rapport à 2009.

"Sida des pays riches, sida des pays pauvres"

Le virus progresse donc toujours sur le Vieux Continent, même si l’attention des médias et du grand public semble s’être quelque peu détournée de la question. Un relâchement sans doute lié au fait que le nombre de cas de maladie déclarée continue lui de chuter. Entre 2004 et 2010, le nombre de malades du sida a ainsi diminué de 50% dans l’Union européenne, notamment en raison d’un diagnostique plus rapide et de l’amélioration des traitements.

"Il y a le sida des pays riches, où les gens peuvent vivre ou parfois survivre très longtemps, et le sida des pays pauvres, où les gens continuent de mourir", analyse Jean-Luc Romero. L’Afrique est en effet toujours le continent le plus touché par la maladie. En Afrique du Sud, près de 20% de la population est séropositive.

Malgré ces disparités mondiales et un virus qui continue de se répandre, les organisations internationales ont préféré mettre en exergue les victoires remportées ces dernières années dans la lutte contre le sida. Un espoir relayé par le secrétaire général de l’ONU, Ban ki-Moon, qui a publié un communiqué, mercredi 30 novembre, dans lequel il indique que l’homme est désormais "en position d'en finir avec l'épidémie".

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