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Benoît XVI clôt son voyage au Bénin par une messe géante

Lors de son troisième et dernier jour au Bénin, le pape Benoît XVI s'est adressé à 50 000 personnes rassemblées dans un stade de Contonou, la capitale économique. Durant la messe, il a appelé les Africains à ne pas idolâtrer le pouvoir et l'argent.

AFP - Le pape Benoît XVI a appelé dimanche les Africains à oeuvrer à la "réconciliation" au cours d'une messe géante à Cotonou, au dernier jour de son voyage au Bénin, terre de vaudou et de foi catholique où il a remis une feuille de route à l'Eglise africaine.

Plus de 50.000 personnes s'étaient rassemblées au "stade de l'amitié" de la capitale économique, placé sous bonne garde, pour cette célébration géante de deux heures qui a démarré vers 09H30 locales (08H30 GMT). Des milliers de personnes ont suivi la célébration à l'extérieur, sur des écrans géants.

A son arrivée en papamobile, le pontife a fait un tour de piste sous les vivats et a été acclamé quand il a pris dans ses bras un très jeune enfant.

Peu avant, à chaque apparition du soleil entre les nuages, la foule applaudissait, lançant des "Jésus!", "Merci Seigneur". "Je vois le Christ à l'intérieur même du soleil!", s'enthousiasmait Francine Bodjrenou, fidèle de 43 ans.

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Précisions sur la visite du souverain pontife
Benoît XVI clôt son voyage au Bénin par une messe géante

Souvent vêtus de pagnes à l'effigie de Benoît XVI ou aux motifs de l'Eglise béninoise, les fidèles brandissaient de petits drapeaux du Bénin et du Vatican.

Un jour particulier pour Evariste Houessou, venu "recevoir la bénédiction du pape", à l'occasion du deuxième voyage de ce dernier en Afrique, après une visite au Cameroun et en Angola en 2009.

Dans son homélie, il a invité les Africains à ne pas idolâtrer le pouvoir et l'argent. Il a prôné la générosité envers "ceux qui sont mis de côté" et s'est adressé à "toutes les personnes qui souffrent, aux malades, à ceux qui sont touchés par le sida et par d'autres maladies, à tous les oubliés de la société".

Lors de la prière de l'Angélus, il a confié une mission aux croyants d'Afrique: "alors que tant de familles sont séparées, exilées, endeuillées par des conflits sans fin, soyez les artisans de la réconciliation et de l'espérance".

La réconciliation, la paix et la justice en Afrique, continent secoué par des conflits à caractère politique, ethnique ou encore religieux, étaient les thèmes du synode africain de 2009 qui s'était tenu au Vatican.

Le pape avait signé samedi à Ouidah (40 km à l'ouest de Cotonou), coeur du vaudou et haut lieu du catholicisme béninois, l'"exhortation apostolique" issue de cette réunion, une feuille de route pour l'Eglise catholique africaine pour les prochaines décennies.

Dans ce texte de 135 pages, il demande aux catholiques de se positionner fermement sur la réconciliation, la défense de la famille et la bonne gouvernance. Il appelle aussi à l'abolition de la peine de mort et dénonce les mauvais traitements à l'encontre des femmes et des enfants.

Il aborde aussi la question du sida qui touche particulièrement l'Afrique où vivent 70% des quelque 34 millions de séropositifs dans le monde: "le problème du sida exige certes une réponse médicale et pharmaceutique. Celle-ci est cependant insuffisante car le problème est plus profond. Il est avant tout éthique".

Le pape, âgé de 84 ans, a remis dimanche cette "exhortation" à 35 présidents de conférences épiscopales nationales et sept de conférences régionales, chargés ensuite de les présenter à leurs évêques et leurs prêtres.

La messe, qui a à plusieurs reprises donné la parole aux principales langues locales du Bénin (fongbé, mina, bariba), s'est achevée au son de la chorale de plusieurs de dizaines de personnes, dans une ambiance de fête.

Une bonne soeur esquissait quelques pas de danse, tout sourire, et de nombreux fidèles quittaient le stade en dansant.

Béninois travaillant au Gabon, Charles Noumon, 61 ans, savourait la musique - sa fille a fait partie de la chorale - mais surtout la célébration: "Dieu m'a comblé", confie-t-il, voyant dans cette visite "un plus pour l'homme", et pas seulement pour les catholiques.

"Son message de paix doit faire réfléchir nos dirigeants", juge Saturnin Hounye, la trentaine, venu du centre du pays. "Nous restons dans l'espérance qu'il nous a apportée", affirme Pélagie Adansi, 44 ans, une autre fidèle.

Dans un discours samedi au palais présidentiel, Benoît XVI - qui doit s'envoler pour Rome vers 15H30 GMT - avait dénoncé la corruption, mis en garde contre la "revanche", "parfois violente", des peuples et appelé les responsables africains à ne pas priver leurs populations de "l'espérance".